Le risque de fissures dans les maisons s’étend vers l’est de la France à cause du réchauffement climatique et de la sécheresse

Un Français montre une fente sur un mur de sa maison construite à l’extrémité de la coulée basaltique et du sol argileux, à Les-Moulins-Blancs, près de Malauzat, le 29 avril 2021.
THIERRY ZOCCOLAN / AFP Un Français montre une fente sur un mur de sa maison construite à l’extrémité de la coulée basaltique et du sol argileux, à Les-Moulins-Blancs, près de Malauzat, le 29 avril 2021.

LOGEMENT - Les murs se lézardent. Alors que le changement climatique intensifie et multiplie les épisodes de sécheresse mais également de fortes pluies, de plus en plus de maisons sont exposées au risque de fissures en France. Au total, 20 millions de Français sont aujourd’hui concernée à un niveau « moyen-fort », selon les calculs de la Caisse Centrale de Réassurance (CCR).

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Dans un rapport publié ce mercredi 23 mai en partenariat avec la start-up Callendar, l’association Conséquences, spécialisée sur le sujet, révèle surtout que le phénomène s’étend sur l’Hexagone. En tête des régions les plus exposées, on trouve le Centre-Val-de-Loire (67 % de la population exposée), Occitanie (49 %), et la Nouvelle-Aquitaine (46,8 %).

Mais ces dernières années, le phénomène a progressé vers de nouveaux territoires, en particulier plus à l’Est. Le rapport note ainsi que depuis les années 2000, le phénomène s’est étendu à trois nouvelles régions : Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté et Auvergne-Rhône-Alpes.

Plus encore, « toutes les modélisations existantes montrent que cette tendance va se poursuivre, mais de manière plus ou moins rapide en fonction de notre trajectoire climatique », précise Samy Kraiem, climatologue chez Callendar, spécialisée dans l’évaluation des risques climatiques. Selon les dernières simulations de Météo France, si la trajectoire actuelle se maintient, la France se dirige vers un avenir à l’horizon 2050 avec deux fois plus de sécheresses en été par rapport à la période 1976-2005. La sécheresse est justement un des facteurs clés causant ces fissures.

Un mauvais cocktail entre sécheresse et humidité

Le phénomène des maisons fissurées est aussi appelé le « retrait-gonflement des argiles », justement parce que tout se passe dans le sol. « Les sols argileux changent de volume en fonction de leur humidité », explique Sébastien Gourdier, chef d’unité au Bureau de recherche géologique et minière (BRGM). « Quand on cumule manque de pluviométrie et forte chaleur, l’évapotranspiration augmente donc les sols se rétractent, se tassent. Lorsque les mouvements se produisent sous les maisons, les structures travaillent et peuvent casser », résume-t-il dans le rapport.

Plus les sécheresses et les pluies sont extrêmes, plus le risque de voir le sol se transformer augmente. Les maisons ne suivent pas pour autant le rythme de la météo, les effets peuvent mettre plusieurs mois à être visibles. Certains terrains, moins argileux, sont également moins sensibles, tout comme certains types de maisons.

Ainsi, une maison carrée ou rectangulaire est moins vulnérable qu’une maison en U ou L, fait remarquer le rapport. De même, un pavillon avec un vide sanitaire profond ou un sous-sol sur toute la surface de la maison est moins vulnérable que s’il est simple de plain-pied.

Des réparations plus coûteuses qu’une anticipation

Il existe bien sûr des solutions techniques pour réparer ces dégâts lorsqu’ils surviennent, comme l’agrafage des fissures pour les empêcher de s’élargir, le chaînage des murs porteurs pour maintenir leur solidité ou la reprise en sous-œuvre, mais ces solutions sont coûteuses : en moyenne 726 millions d’euros leur sont dédiés chaque année en France, un chiffre qui grimpera à 2,1 milliards d’euros par an en moyenne en 2050 si la trajectoire climatique actuelle se poursuit.

Pour éviter de tels coûts, des mesures préventives peuvent être mises en place : guetter les fuites d’eau usées ou les écoulements, installer des murs anti-racinaires, imperméabiliser la périphérie de la maison… Le dernier levier d’action est plus global, mais également celui qui comporte le plus de potentiel : ralentir la course du changement climatique. Ce qui nécessite une politique ambitieuse de réductions de gaz à effet de serre à l’échelle individuelle et nationale.

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