Risque

Nous étions sous le règne de l’ENA. Nous passons sous celui de l’Essec. L’aphorisme, on en conviendra, est caricatural. Il exprime pourtant une réalité : la «société civile» dont est issu le massif contingent de La République en marche nouvellement élu, ne reflète guère la réalité statistique de la société française. Peu d’ouvriers et d’employés, peu de paysans, beaucoup de (très) diplômés et une majorité relative de cadres issus du secteur privé. L’esprit managérial, ce mélange de pragmatisme libéral et d’optimisme tolérant, attaché d’abord aux résultats concrets, fait une entrée en force à l’Assemblée. Le macronisme est un humanisme de marché, fasciné par la réussite mais aussi ouvert sur le monde et plein de bonnes intentions. Voilà qui nous change du déclinisme lugubre dispensé, depuis une décennie au moins, sur la scène intellectuelle.

Dans la tradition politique française, cette culture de neuve apparence porte un nom ancien : le saint-simonisme, du nom du comte de Saint-Simon, théoricien socialiste et industrialiste du début du XIXe siècle. Rationnelle, laïque, attachée aux idéaux de la Révolution, cette doctrine de grande influence professait qu’il fallait confier le pouvoir à une coalition de savants et de producteurs qui développeraient l’économie et organiseraient la société selon les principes de l’égalité des chances et de la solidarité. Elle dériva ensuite, soit vers le socialisme, soit vers l’élitisme autoritaire d’un Napoléon III. Il est probable qu’Emmanuel Macron, vainqueur improbable et incontestable de cette compétition qui a vu la vieille politique succomber devant le modernisme social-libéral, se trouve à la croisée des mêmes chemins. Sa victoire peut ouvrir une ère de réformes utiles, quoique contestables pour certaines. Mais sa domination peut se changer en gouvernement impérieux des sachants, avec tous les risques démocratiques afférents. Certains saint-simoniens ont beaucoup fait pour la République naissante. Mais d’autres ont surtout servi (...)

Lire la suite sur Liberation.fr

Huguette Tiégna (Lot) La start-uppeuse
Gilles Le Gendre Le journaliste économique
Jimmy Pahun (Morbihan) Le marin fan de Johnny
Anissa Khedher (Rhône) La Star du web malgré elle
Typhanie Degois (SAvoie) La benjamine amie des animaux