Rideaux tirés et terrasses vides : coup de blues à Marseille

La terrasse rangée d'un restaurant fermé près du Vieux-Port à Marseille, le 28 septembre.  
La terrasse rangée d'un restaurant fermé près du Vieux-Port à Marseille, le 28 septembre.

Jérémy Julien s'ennuie dans sa cuisine. Terrasse vide, rue quasi déserte à Endoume, sur les hauteurs du Vieux-Port. Les restrictions gouvernementales qui, crise sanitaire oblige, conduisent les bars et restaurants à fermer pendant deux semaines créent une étrange atmosphère. Le soleil un peu pâle de ce mardi évoque un dimanche d'automne, un semi-confinement. Dans la cuisine de Brut, ouvert il y a à peine deux ans, Jérémy prépare des magrets, fait mijoter du poulpe et des alouettes sans tête. S'essaie au pâté en croûte. « Je m'occupe, je prépare des plats à emporter, j'en fais pour le traiteur en face. Je ne gagne pas d'argent avec ça, mais ça m'évite de gamberger. » Ses employés sont au chômage partiel. « Si j'étais pris à la gorge, reprend-il, j'ouvrirais. Je comprends ceux qui le font. Mais je m'en sors pour le moment, j'accorde le bénéfice du doute au gouvernement. Je suis légaliste. »

D'autres le sont moins. En descendant vers le centre-ville, il suffit de se pencher légèrement pour voir les jambes des habitués dans certains bars au rideau de fer à moitié tiré. « On est entre collègues, on ne fait de mal à personne. C'est comme à la maison, ce n'est pas une question de chiffre d'affaires. On fait l'apéro, quoi », sourit René. Son petit bar était déjà ouvert « pour les copains » pendant le confinement. Il était loin d'être le seul. Les voitures de la police municipale qui passent dans les rues s'attardent plus sur les voitures mal garées ou les passants [...] Lire la suite