Rhône : un agent d'hôpital meurt d'une crise cardiaque alors qu'il était seul en service

Le drame s'est produit dans un hôpital lyonnais (Photo : Getty Images)

La Fédération Autonome de la Fonction Publique Hospitalière dénonce des conditions de travail dégradées qui ont selon elle mené à ce drame.

Une tragédie qui illustre le manque criant d'effectifs dans certains services publics. Un membre du personnel de l'hôpital Edouard Herriot, à Lyon (Rhône), a trouvé la mort il y a quelques jours d'une crise cardiaque alors qu'il était en service et isolé sur son poste de travail.

La sécurité prévenue par une visiteuse de l'hôpital

Comme le rapporte Actu Lyon, le défunt est un "agent affecté à la gestion du stationnement". Celui-ci se trouvait seul dans son guichet "à l'entrée de l'établissement", lorsqu'il a été victime d'un arrêt cardio-respiratoire. C'est ensuite une visiteuse de l'hôpital qui a prévenu la sécurité alors qu'elle était bloquée "au niveau de la barrière de sortie".

A son arrivée sur place, le chef d’équipe de la sécurité a trouvé l'agent inanimé. "Le chef d’équipe a tout de suite pratiqué les manœuvres de réanimation cardiopulmonaire, poursuivies par le médecin urgentiste puis par le SAMU", affirme la direction des Hospices Civils de Lyon, dont dépend l'hôpital Edouard Herriot. Malgré les efforts des secouristes, l'agent n'a toutefois pas pu être réanimé.

"Ces gens-là, il peut leur arriver n'importe quoi, personne ne peut venir les aider"

A la suite de ce drame, la Fédération Autonome de la Fonction Publique Hospitalière (FAFPH), l'un des principaux syndicats de l'hôpital public, est monté au créneau pour dénoncer une situation directement provoquée par un manque d'effectif. "Ce n’est pas normal. On ne devrait pas mourir comme ça dans un hôpital", résume Chaïbia Khaif-Janssen, secrétaire générale de l'organisme, citée par Actu Lyon.

Cet agent travaillait en effet avec un binôme sur les horaires de nuit jusqu'en 2014, avant une réduction d'effectif. "La direction a estimé que la charge de travail n'était pas suffisante pour qu'ils soient deux, explique la secrétaire général. Ils économisent de l'argent sur la masse salariale et du coup il y a une pullulation de travailleurs isolés à cause des réductions de personnel et du manque d'effectif. Ces gens-là, il peut leur arriver n'importe quoi, personne ne peut venir les aider."

Un suivi défaillant ?

La FAFPH a ainsi demandé à la direction des Hospices Civils de Lyon de rétablir les équipes de deux pour les sessions nocturnes de ce poste de travail, mais s'est vue opposer un refus. L'autorité a par ailleurs rappelé que ce type de travailleurs isolés bénéficiaient d'un dispositif d'alerte à actionner en cas d'urgence. Un dispositif qui n'a toutefois pas été actionné par la victime le soir du drame, "certainement en raison de la soudaineté de la crise cardiaque", reconnaît la direction.

Du côté du syndicat, il semble clair que la mort de cet agent hospitalier est la conséquence directe d'un fonctionnement délétère à une échelle plus globale dans le secteur de la santé. La FAFPH souligne ainsi que le fonctionnaire décédé n'avait plus consulté la médecine du travail depuis 2016, alors même que son profil justifiait une attention particulière. "Il avait plus de 55 ans, il était en alternance jour/nuit en 12h sur un poste sédentaire, énumère Chaïbia Khaif-Janssen. Il aurait dû être davantage suivi. Mais comme il n'y a pas assez de médecins du travail, il est passé entre les gouttes."