Retraites: des rassemblements partout en France après le rejet de la motion de censure transpartisane

Vers une "censure populaire"? Dans tout le pays ce lundi soir, des milliers de personnes sont descendues dans les rues pour dénoncer le recours au 49.3, l'échec des motions de censure à l'Assemblée nationale et par conséquent l'adoption de la réforme des retraites.

Paris, Bordeaux, Rennes, Strasbourg, Lille, Toulouse, Limoges, Saint-Étienne, Brest, Lyon, Rouen, Nancy... dans des dizaines de villes, des milliers de manifestants ont défilé.

Des cas de violences policières signalés

Des dégradations ont été commises souvent en marge ou pendant ces mobilisations. À Paris ou à Strasbourg, des poubelles ont été brûlées, des panneaux publicitaires ont été brisés. À Abbeville, la mairie a même été envahie par des manifestants, tandis qu'à Brest, un dispositif policier a dû être mis en place autour de la permanence du député Horizons Jean-Charles Larsonneur.

Plusieurs cas de violences policières, notamment dans la capitale, ont aussi été signalés sur les réseaux sociaux par des journalistes indépendants. Un agent de la Brigade de répression de l'action violente motorisée (BRAV-M) a par exemple été filmé en train de matraquer une jeune femme qui tentait de se protéger le visage, prês de Châtelet. Des manifestants ont aussi été nassés par des CRS, alors que cette pratique est a été jugée illégale par le Conseil d'Etat en 2021. Au moins 142 personnes ont également été interpellées à Paris, selon une source policière.

Dans tous les cortèges, les manifestants dénonçaient le "coup de force" du gouvernement et appelaient à la démission du président de la République Emmanuel Macron et de la Première ministre Elisabeth Borne, signe que les revendications semblent désormais dépasser le simple retrait de la réforme des retraites.

Laurent Berger inquiet de la "colère"

La CGT appelle à "amplifier la mobilisation", et à "participer massivement aux grèves reconductibles et aux manifestations", le jeudi 23 mars "et après, si nécessaire".

Interviewé lundi soir, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a appelé les salariés à se "mobiliser jeudi, dans le cadre de l'intersyndicale, dans le même sens des responsabilités" que depuis le mois de janvier pour demander le retrait de la réforme. Il s'est dit inquiet de la "colère" et des "violences" qui pourraient s'exprimer du fait de l'adoption d'une loi qui n'avait "pas de majorité à l'Assemblée nationale", tout en affirmant que les syndicats ne seraient pas "comptables de ce qui se passerait qui ne serait pas sous mot d'ordre syndical".

Depuis jeudi soir et le déclenchement du 49.3, les manifestations sont quotidiennes dans plusieurs villes de France. Selon le dernier sondage Elabe pour BFMTV, 68% des Français se disaient en "colère" ce week-end. Ils étaient autant à vouloir l'adoption d'une motion de censure et la chute du gouvernement.

À l'issue du scrutin, Jean-Luc Mélenchon a affirmé que "le moment est venu de passer à la censure populaire." De son côté, la Première ministre Elisabeth Borne s'est dite "déterminée à continuer à porter les transformations nécessaires" au pays, après l'adoption par le Parlement de sa réforme très contestée des retraites. "Je suis convaincue que la démocratie sociale doit avoir toute sa place et que les partenaires sociaux peuvent se saisir de champs nouveaux", a-t-elle ajouté.

Article original publié sur BFMTV.com