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Retraites, Elisabeth Borne, manifestations... Ce qu'il faut retenir de l'interview d'Emmanuel Macron

Emmanuel Macron, le 22 mars 2023 - Ludovic MARIN / AFP
Emmanuel Macron, le 22 mars 2023 - Ludovic MARIN / AFP

Il était resté en retrait sur le dossier des retraites jusqu'ici. Emmanuel Macron s'est adressé aux Français ce mercredi lors d'une interview télévisée très attendue. Après deux mois de mouvement social et de débats houleux au Parlement qui se sont soldés par le déclenchement du 49.3 par Élisabeth Borne, le chef de l'État a réaffirmé son souhait de voir la réforme s'appliquer. Voici ce qu'il faut retenir de sa prise de parole.

• Emmanuel Macron souhaite toujours une application de la réforme "d'ici à la fin de l'année"

Emmanuel Macron veut maintenir la très contestée réforme des retraites. "Ce texte va poursuivre son chemin démocratique", avance le président, qui souhaite toujours une application "d'ici à la fin de l'année".

"Pour que les choses rentrent en place", et notamment que 1,8 million de retraités "commencent à être augmentés d'environ 600 euros par an en moyenne" et qu'"on commence à décaler l'âge légal de trois mois supplémentaires".

Il souhaite que la réforme des retraites "entre en vigueur" tout en disant "attendre la décision du Conseil constitutionnel" pour la promulguer, conformément aux dispositions de la Constitution.

• "On ne peut accepter ni les factieux ni les factions"

Mardi, le président a affirmé que la foule n'a "pas de légitimité" face "au peuple qui s'exprime à travers ses élus", alors que de nombreuses manifestations sont organisées dans le pays, avec parfois des débordements. Des propos qui ont fait beaucoup réagir.

Interrogé sur cette phrase et sur les tensions lors des mobilisations contre la réforme, Emmanuel Macron a notamment cité les exemples des invasions du Capitole aux États-Unis ou l'insurrection au Brésil en affirmant qu'il faut "écouter, respecter et essayer d'avancer ensemble" mais a affirmé: "On ne peut accepter ni les factieux ni les factions".

"On ne tolérera aucun débordement", a-t-il ensuite insisté.

Le chef de l'État a également dénoncé les "agressions inacceptables" subies par des élus, notamment des parlementaires, dénonçant chez des manifestants des "groupes qui utilisent la violence".

• Cette réforme n'est pas "un plaisir" mais "une nécessité"

"Au moment où je vous parle, est-ce que vous pensez que ça me fait plaisir (de la faire)? Non", a répondu Emmanuel Macron, interrogé sur l'opportunité de vouloir réformer les retraites. "J'aurais pu faire comme mes prédécesseurs et mettre la poussière sous le tapis".

"Cette réforme est nécessaire", a encore ajouté le président, assurant qu'il "n'y a pas 36 solutions".

"Ce n'est pas un luxe, ce n'est pas un plaisir mais c'est une nécessité pour le pays", a-t-il lancé. "Il y avait 10 millions de retraités quand j'ai commencé à travailler, il y en a 17 millions aujourd'hui", s'est-il justifié.

• "Le projet de toutes les oppositions, c'est le déficit"

Emmanuel Macron a reconnu la "légitimité" des syndicats, "protégée par la Constitution". Toutefois, alors que l'intersyndicale organise une 9e journée de mobilisation contre la réforme ce jeudi, il a "regretté qu'aucune force syndicale n'ait proposé un compromis".

En ce qui concerne les partis politiques d'opposition, vent debout contre ce texte, le président regrette que "le projet de toutes les oppositions et de tous ceux qui s'opposent" à la réforme des retraites est le déficit", qu'il a comparé à une "formule magique".

"Qu'est-ce que c'est le déficit?", a interrogé le chef de l'Etat. "Ça veut dire, de fait, que vous choisissez de faire payer vos enfants parce que, aujourd'hui, vous refusez de décider avec clarté et courage", a-t-il poursuivi.

Le chef de l'État a regretté que "certains" "veuillent s'abstraire du principe de réalité", en évoquant la question du déficit.

• Emmanuel Macron prêt à "endosser l'impopularité" de la réforme

Face à la grogne sociale et en grande difficulté politique, le président se dit "prêt à endosser l'impopularité". "Entre les sondages, le court terme et l’intérêt général du pays je choisis l’intérêt général", argumente le président de la République, affirmant "ne pas chercher à être réélu".

"Jamais les smicards n’ont autant vu leur pouvoir d’achat augmenter ces dernières années", avance le chef de l'État.

"Il y a des gens en colère mais il y a des choses qui marchent. On ne peut pas regarder que ce qui ne marche pas", a-t-il complété, dans un contexte de forte inflation et de baisse du chômage.

Le chef de l'État veut néanmoins rouvrir la question de la pénibilité, sujet d'inquiétude de nombreux Français. "62 ou 64 ans, ce n'est pas le sujet" face à un travail pénible, "c'est 55 ou 58 ans", a-t-il affirmé. "L'usure professionnelle, la reconversion de fin de carrière", il faut, estime le président, en reparler avec les organisations syndicales.

• Élisabeth Borne a toujours "sa confiance"

Élisabeth Borne est sous le feu des critiques après avoir déclenché le 49.3 pour faire adopter la réforme des retraites et pour avoir résisté, à seulement neuf voix près, aux motions de censure des oppositions. Ce jeudi, Emmanuel Macron a assuré que la Première ministre avait toujours sa confiance "pour conduire cette équipe gouvernementale".

"Même à un moment d’incandescence politique, il n'y a pas de majorité alternative", juge le président de la République.

Il a toutefois ajouté qu'Élisabeth Borne devra "bâtir un programme de gouvernement" et "élargir" la majorité, malgré des tensions avec Les Républicains, dont une partie a voté en faveur de la motion de censure transpartisane.

• Pas une "taxe sur les super profits" mais une "contribution exceptionnelle"

Emmanuel Macron a dénoncé le "cynisme" de certaines "grandes entreprises" qui ont dégagé d'importants bénéfices exceptionnels leur permettant de racheter leurs propres actions en Bourse, et leur demandant "une contribution exceptionnelle" pour que "les travailleurs puissent profiter" de cet argent.

"Il y a quand même un peu un cynisme à l'oeuvre, quand on a des grandes entreprises qui font des revenus tellement exceptionnels qu'ils en arrivent à utiliser cet argent pour racheter leurs propres actions", a déclaré le chef de l'Etat, ajoutant qu'il compte "demander au gouvernement de travailler sur une contribution exceptionnelle".

Il a précisé qu'il ne s'agira néanmoins pas d'une "taxe sur les super profits".

• Immigration, école... Le président évoque les futurs travaux

En fin d'entretien, Emmanuel Macron a évoqué les prochains travaux de l'exécutif pour la suite de son mandat. "Le plein emploi, l'ordre républicain, et mieux vivre", notamment dans un monde plus écologique, voici le "cap" fixé par le président de la République.

Il a, par exemple, annoncé le découpage de la loi immigration prévue en "plusieurs textes" dans "les prochaines semaines". "Pour l'école, pour la santé, on a des immenses ambitions", a-t-il conclu.

Article original publié sur BFMTV.com