Retraites : Pourquoi toute la gauche n’a pas voté la surcote pour les mères de famille

Eliane Assassi, présidente du groupe communiste au Sénat, s’est abstenue lors du vote d’un amenement LR instaurant une surcote de pension pour les mères de famille.
Eliane Assassi, présidente du groupe communiste au Sénat, s’est abstenue lors du vote d’un amenement LR instaurant une surcote de pension pour les mères de famille.

POLITIQUE - Un amendement pour réduire les inégalités… ou qui en crée une autre malgré lui ? Lors de l’examen de la réforme des retraites au Sénat ce jeudi 9 mars, les élus se sont prononcés sur un ajout de la droite pour revaloriser les pensions des mères de famille. Il a été adopté à l’unanimité sans convaincre la gauche, notamment les socialistes.

L’amendement était porté par le rapporteur LR du texte René-Paul Savary. Il prévoit une « surcote » de pension allant jusqu’à 5 % pour les femmes qui dépasseront les 43 annuités requises, sous l’effet des trimestres maternité et éducation des enfants. La mesure, destinée à pallier la suppression des trimestres de majoration de maternité, avait été érigée en ligne rouge par Bruno Retailleau pour que son groupe soutienne la réforme. C’est donc avec l’aval du gouvernement que l’amendement a été soumis au scrutin dans l’après-midi. Il a été adopté par 280 voix pour et aucune contre.

Néanmoins, la gauche a dit ses réserves, soulignant que la surcote ne compensera pas « la brutalité » du relèvement de l’âge légal de 62 à 64 ans. « Cela fait perdre un peu moins que prévu aux femmes, c’est un moindre recul », a souligné l’écologiste Mélanie Vogel. Et si l’ensemble de son son groupe a voté pour, ce n’est pas le cas des socialistes et des communistes. Comme le précise Public Sénat, 58 des 64 sénateurs socialistes se sont abstenus tandis que 4 votaient pour. Au sein des 15 communistes, on compte 11 votes pour et 4 abstentions, dont la présidente du groupe Éliane Assassi.

Pour la gauche, la mesure est « utile » mais…

Leurs réticences tournent autour de deux points. Et le premier est la principale raison pour laquelle la droite a présenté cet amendement : la défense de la « politique nataliste » pour équilibrer le régime par répartition, que les LR opposent à une immigration. Le socialiste Jean-Claude Tissot a jugé « cette conception particulièrement étonnante, voire même inquiétante ». « Si on crée une surcote pour les mères de famille, peut-on imaginer une pour les soignants, les élus locaux ? », interroge-t-il.

L’ancienne ministre des Familles Laurence Rossignol a aussi jugé la mesure « utile » mais a ironisé sur « sa dimension nataliste. » « Je connais peu de jeunes femmes qui à 28-30 ans se demandent, au moment où elles veulent mettre un bébé en route, si elles auront ou non une surcote. Ce qu’elles veulent savoir, c’est si elles pourront travailler, avoir un logement, avoir une place en crèche et ne pas souffrir dans leur carrière du fait d’être mère de famille », a-t-elle taclé.

Elle a également déploré que l’amendement fasse « l’impasse sur les inégalités salariales, sur le fait qu’il n’y a pas que les mères de famille malheureusement qui souffrent de rémunération insuffisante et inégalitaire ». Selon René-Paul Savary, la mesure concernera « 30 % des femmes d’une génération » soit « 130 000 personnes » par an.

Cela n’a pas empêché la sénatrice de l’Oise de voter pour l’amendement, comme le précisent nos confrères de Public Sénat. « J’avais été accusé de vouloir une politique nataliste » par certains élus de gauche, qui finalement ont soutenu l’amendement, s’est d’ailleurs félicité Bruno Retailleau, saluant « une gauche sociale », par opposition à une gauche cherchant à « déconstruire » la famille selon lui.

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