Retraites : Dussopt, accusé de "prendre les gens pour des cons", fait l'unanimité contre lui à gauche

Les propos du ministre du Travail qui assure qu'il n'y aura "pas de perdants" sont très mal passés dans les rangs de la gauche. D'autant plus que l'étude d'impact du gouvernement avance bien que la pension de retraite devrait "baisser en moyenne de 1%" pour ce qu'on appelle les surcoteurs et qui vont au-delà de l'âge légal de départ.

Une interview pour calmer les esprits qui a plutôt eu l'effet inverse. Après les propos d'Olivier Dussopt ce week-end dans Le Parisien affirmant qu'il n'y "aura pas de perdants" dans la réforme des retraites, le ministre du Travail fait l'unanimité contre lui à gauche.

À commencer par Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste.

"Je ne sais pas s'il faut en rire ou en pleurer", a ainsi réagi le député de gauche sur Public Sénat ce lundi matin.

Une baisse de la pension de retraites pour certains profils

"C'est une réforme qui va faire de nombreux perdants", a dénoncé celui qui avait été l'ancien colocataire d'Olivier Dussopt, dans les années 1990, citant "les femmes, les précaires, les gens qui ont commencé à travailler tôt, les gens qui ont les métiers les plus difficiles, les plus pénibles".

Le membre du gouvernement a pourtant assuré tout le contraire. "Il n’y aura pas de perdants dans cette réforme, car les pensions ne baisseront pas. La réforme demande des efforts aux Français. Cela oui. Mais nous faisons en sorte qu’ils soient le plus justement répartis."

D’après l’étude d’impact du projet de loi, la réponse est pourtant différente. À l'heure actuelle, un employé qui a obtenu toutes ses annuités et qui décide de continuer à travailler après l'âge de départ légal de 62 ans voit sa pension de retraite augmenter de 1,25% par trimestre supplémentaire. C'est ce qu'on appelle le mécanisme de la surcote.

"Quand on est à bout d'arguments, on finit par dire n'importe quoi"

Le montant de la retraite des surcoteurs , devrait être "diminuer, de 1 % en moyenne", peut-on y lire. En effet, les trimestres supplémentaires cotisés correspondraient, en cas d'adoption de la réforme, à atteindre les 64 ans, le futur âge de départ à la retraite, sans entraîner de nouveaux gains donc.

"Cette perte peut toutefois être neutralisée pour les assurés qui reportent leur départ au-delà du décalage imposé par la mesure d’augmentation de l’âge effectif de départ à la retraite", ajoute encore ce document. Autrement dit, pour obtenir une surcote, il faudra désormais aller au-delà de 64 ans et non plus 62 ans.

Les propos d'Olivier Dussopt cherchaient à arrondir l'angle avant la mobilisation sociale de mardi. Les syndicats, qui veulent mettre "la France à l'arrêt", espèrent qu'elle parvienne à faire fléchir le gouvernement, jusqu'ici déterminé à aller au bout de sa réforme qu'il veut voir appliquer "d'ici l'été".

Le gouvernement demeure pour l'instant confiant, alors que ce samedi, les principaux syndicaux ont à nouveau exprimé leur ferme opposition au projet. De quoi pousser Laurent Berger, le patron de la CFDT à dire sa colère après les propos du ministre.

"Quand on est à bout d'arguments, on finit par dire n'importe quoi", avance ainsi le syndicaliste ce lundi sur France inter. Avant d'ajouter:" il faut arrêter de prendre les gens pour des cons, excusez-moi de le dire comme ça".

"Une forme d'humour"

Le député insoumis François Ruffin n'est guère plus tendre ce lundi sur Europe 1. Il "faut lire les propos" du ministre du Travail "avec une forme d'humour", grince ainsi l'élu de la Somme qui n'a pas non plus apprécié qu'Olivier Dussopt qualifie sa réforme "de gauche".

"Quand il dit blanc, c'est noir, quand il dit gauche, c'est droite", estime ainsi l'élu de la Somme.

Les services de renseignement attendent entre 1,1 et 1,4 million de manifestants partout en France ce mardi pour dire non à la retraite à 64 ans.

Article original publié sur BFMTV.com

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