Retraites : le bras de fer

“Une déferlante d’indignation” (El Mundo), “le premier grand défi lancé par la rue à Emmanuel Macron” depuis sa réélection (El País), “le chantier le plus important et le plus sensible de son second mandat” (Süddeutsche Zeitung), la preuve persistante d’une certaine arrogance du président français et de la distance “qui s‘est dessinée lors de son premier mandat” (New York Times)…

Au lendemain de la première journée de mobilisation contre la réforme des retraites, qui a réuni plus de 1,2 million de personnes en France le 19 janvier, la presse étrangère a largement commenté ce premier succès pour les opposants au projet. Une bataille avant tant d’autres à venir. À commencer par la prochaine journée de manifestations, prévue le 31 janvier. Ce n’était pourtant pas gagné, malgré l’union affichée des syndicats, “une première en douze ans”, souligne El País. Mais la méthode du gouvernement, de l’avis général, a montré ses limites.

“Du point de vue des personnes concernées et des syndicats, les plans de Macron constituent une attaque frontale. Jusqu’à présent, chaque fois que le gouvernement a tenté de s’en prendre aux acquis sociaux, cela a débouché sur des conflits violents”, explique Die Tageszeitung. Le quotidien allemand, connu pour son engagement à gauche, n’est pas le seul, loin de là, à prédire un long bras de fer et à mettre en cause la méthode du président français.

C’est le cas du Corriere della Sera, pour qui la sacro-sainte pédagogie macronienne a fait pschitt. Ce qui se passe à l’étranger ? “Les Français s’en fichent !” Selon le journal centriste italien, c’est tout l’objet de la contestation :

“La France est un pays qui se perçoit comme unique et spécial, et son ‘modèle’, qui propose une qualité de vie et des garanties sociales avec peu d’équivalents au monde, doit être défendu coûte que coûte.”

La presse étrangère, si prompte à s’émouvoir de la propension française à manifester ou à faire grève, semble cette fois beaucoup plus compréhensive. C’est une simple question de justice sociale, explique La Vanguardia. Et le contexte économique rend certaines choses inacceptables. “Les économistes ont trop tendance à oublier que la condition nécessaire à toute réforme est de préserver la confiance sociale”, écrit le quotidien de Barcelone. On en est loin.

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