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Retraites: comment Élisabeth Borne veut essayer de reprendre la main

Élisabeth Borne à Paris le 25 mars 2023  - Alain JOCARD / AFP
Élisabeth Borne à Paris le 25 mars 2023 - Alain JOCARD / AFP

Un défilé d'invités à Matignon pour sortir la tête de l'eau. Élisabeth Borne va passer les trois prochaines semaines à consulter très largement pour bâtir "un plan d'action" avec la "volonté d'accélérer les réponses aux attentes des Français". Au menu pour sortir de la crise politique et sociale, des rencontres avec sa propre majorité, puis avec les oppositions avant de finir par les syndicats.

Convaincre son camp

Face aux critiques qui montent au sein de la macronie, Élisabeth Borne va d'abord s'atteler à rassembler ses propres députés. Il y a urgence alors que les doutes montent en interne. Si la Première ministre avait tenté de faire du "dialogue" sa marque de fabrique à son arrivée à Matignon en mai dernier, elle a échoué à faire atterrir la réforme des retraites.

Très abîmée politiquement par le 49.3 puis par une motion de censure rejetée à seulement 9 voix près, la cheffe du gouvernement doit donc rebondir et resserrer les rangs. Elle va largement échanger dès ce lundi avec Aurore Bergé, Jean-Paul Mattei et Laurent Marcangeli, les présidents des groupes parlementaires puis les présidents des commissions de l'Assemblée avant de recevoir Édouard Philippe et François Bayrou.

La sexagénaire ne peut se passer de partenaires de confiance avec une majorité relative à l'Assemblée nationale et doit donc retisser les liens avec eux.

Elle s'est déjà attelée à arrondir les angles avec Horizons avec qui les tensions se sont multipliées ces dernières semaines en se pliant à une séance de câlinothérapie ce samedi lors du premier congrès du mouvement.

Reprendre le dialogue avec les LR

Après la majorité, la Première ministre tentera de retisser le dialogue avec les LR lors de la première semaine du mois d'avril. Matignon n'a pas réussi à convaincre la droite, vue comme la force d'appoint à l'Assemblée nationale, de voter pour la réforme des retraites. Pire: 19 députés sur 61 ont voté pour la motion de censure transpartisane. Autant dire qu'Élisabeth Borne a fort à faire pour essayer de ramener le calme dans les discussions avec la droite.

La Première ministre proposera un "programme législatif" de textes pour s'assurer de pouvoir bâtir "des majorités en amont". Rien de nouveau puisque c'est la méthode utilisée par l'exécutif depuis son échec aux législatives. Avec un certain succès: à l'exception de la réforme des retraites, tous les projets de loi ont été votés sans encombre.

La sexagénaire va mettre à profit ces échanges pour jauger de l'évolution des forces à droite, dont une partie est farouchement anti-macroniste tandis que ses dirigeants comme Éric Ciotti et Olivier Marleix montrent plus de rondeur. "La question" de l'élargissement de la majorité aux LR "ne se pose pas", a cependant déjà fait savoir le président du mouvement dans les colonnes du Figaro.

Renouer le dialogue avec les syndicats

Alors que les discussions sont rompues depuis des semaines avec les syndicats sur la réforme des retraites, la cheffe du gouvernement veut "mettre de l'apaisement" dans ses relations avec les centrales. La seconde semaine du mois d'avril sera consacrée à cet objectif.

Pour ce faire, elle se dit ouverte à tous les formats de discussion, évoquant "des rencontres bilatérales" ou encore "une intersyndicale". Pas question cependant de remettre sur la table la question des retraites alors que la mobilisation pour son retrait continue dans la rue. Élisabeth Borne veut mettre au menu la future loi plein emploi pour avancer sur la question de la pénibilité ou des reconversions professionnelles.

Suffisant pour convaincre? Rien n'est moins sûr. L'interview d'Emmanuel Macron mercredi dernier dans laquelle le président a accusé le numéro un de la CFDT Laurent Berger, sans le nommer, de n'avoir "pas proposé de compromis" sur les retraites n'a guère contribué à faire redescendre la pression. La réponse du leader syndical ne s'est pas fait attendre: "Macron refait l'histoire et ment", a écrit le syndicaliste sur son compte Twitter.

Ces trois semaines de consultations seront-elles suffisantes pour redonner du crédit politique à Élisabeth Borne? C'est probablement la suite de la contestation contre la réforme des retraites qui détient la réponse. Si le mouvement se poursuit et continue de se durcir, le destin de la Première ministre serait très fragilisé. L'intersyndicale appelle ce mardi à une dixième journée de mobilisation.

Article original publié sur BFMTV.com