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Retraites : Élisabeth Borne face à une semaine clé pour tenter de tourner la page

En recevant les chefs des divers bords politiques ainsi que l'intersyndicale, la semaine qui arrive s'annonce cruciale pour la Première ministre qui doit jouer la carte de l'apaisement.

Agenda chargé pour Élisabeth Borne. Cette semaine, la Première ministre se consacre à des concertations en vue de la onzième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, jeudi 6 avril. Avant cette journée cruciale, la cheffe du gouvernement doit donc redoubler d'efforts pour tenter de trouver des terrains d'entente avec les syndicats et les représentants politiques des bords adverses.

· Lundi, rendez-vous avec les LIOT

Élisabeth Borne reçoit le groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (LIOT). C'est ce groupe qui a déposé une motion de censure contre la réforme des retraites qui a failli faire tomber le gouvernement. LIOT a néanmoins échoué à neuf voix près.

· Mardi, concertation sur le maintien de l'ordre avec les écologistes

Élisabeth Borne a convié les écologistes pour évoquer l'après-réforme des retraites. Ces derniers ont toutefois décliné la proposition, jugeant qu'il faut "apaiser" le pays par le retrait ou a minima la suspension du projet.

La cheffe du parti EELV, Marine Tondelier, ainsi que les patrons des groupes écolos à l'Assemblée et au Sénat, Cyrielle Chatelain et Guillaume Gontard, refusent de "participer à l'exercice de communication" de la Première ministre, chargée par Emmanuel Macron de bâtir un programme de gouvernement et un programme législatif.

Vouloir ainsi "tourner la page" semble "hors sol et déconnecté de l'état de nerfs" des Français, estime Marine Tondelier, selon qui "le pays n'y est pas prêt et nous non plus".

EELV a en revanche obtenu un rendez-vous à 12h15 dans un autre cadre avec la Première ministre "pour parler du maintien de l'ordre, du climat de violence à l'égard des militants écologistes et du nécessaire apaisement".

LFI et le PCF ont également refusé une rencontre, et organiseront à la place une marche entre l'Assemblée et l'Élysée.

· Mercredi 10h00, rencontre décisive avec l'intersyndicale

En annonçant qu'elle se rendra à Matignon avec les autres syndicats, Sophie Binet, la nouvelle numéro un de la CGT, maintient, pour le moment, l'unité du front intersyndical dans le conflit des retraites. Les autres leaders syndicaux ont été rassurés de l'entendre annoncer que "l'intersyndicale unie" irait bien à Matignon ce mercredi "pour exiger le retrait" de la réforme des retraites.

"Un très bon signal" salué par la numéro 2 de la CFDT, Marylise Léon. "À très court terme, la ligne n'est pas remise en question", note-t-elle.

Mais les premiers mots de Sophie Binet ont aussi semé le doute: "Pas de trêve, pas de suspension, pas de médiation". Comme un gage à ses soutiens les plus radicaux, qui ont désavoué cette semaine le sortant Philippe Martinez et sa dauphine désignée Marie Buisson.

"Il y a ce qu'on dit devant son congrès et ce qu'il est possible de discuter au sein de l'intersyndicale", veut croire Marylise Léon, qui espère lever rapidement "les points d'interrogation sur la ligne que la CGT voudra défendre".

Scénario que redoute un parlementaire Renaissance: à la veille d'une onzième journée de mobilisation ce jeudi, "il faut éviter à tout prix qu'ils sortent tous comme des frelons en disant qu'il n'y a pas eu de dialogue".

La Première ministre, Élisabeth Borne, a promis que "chacun pourra aborder les sujets qu'il souhaite". Mais concernant les retraites, "on ne peut pas faire de pause quand on a un projet de loi qui a été voté".· Mercredi après-midi, échanges avec les Républicains puis avec organisations patronales

L'accueil des députés LR s'annonce crucial pour Élisabeth Borne, car le groupe politique est le seul à pouvoir permettre à la majorité absolue à l'Assemblée nationale sur certains textes.

Enfin, les principales organisations patronales seront à leur tour reçues à Matignon. Interrogé sur la présence du Medef à Matignon, le président de l'organisation Geoffroy Roux de Bézieux a répondu "oui, a priori avec les autres organisations patronales. Je ne sais pas si on passera avant ou après, mais on ira mercredi".

"C'est assez normal, parce que quels que soient les sujets abordés, qu'on parle de retraites ou qu'on parle de travail, les employeurs ont un avis sur la question", a-t-il justifié.

La Confédération des PME (CPME) se félicite de son côté dans un communiqué "d'avoir été conviée à une réunion des trois organisations interprofessionnelles nationales représentatives des entreprises" parmi lesquelles se trouve également l'Union des entreprises de proximité (U2P), qui représente les artisans et les professions libérales. La CPME juge "important de ne pas limiter la discussion avec les partenaires sociaux, aux seules organisations syndicales de salariés".

Geoffroy Roux de Bézieux a redit son soutien à la réforme dont la mesure phare est le relèvement de l'âge de départ de 62 à 64 ans. "Elle est difficile, elle est impopulaire, elle est douloureuse, tous les autres pays l'on fait. Elle est votée et pour nous il est temps de passer à autre chose, d'essayer de trouver d'autres thèmes de négociation, peut-être de changer de méthode", a estimé le président du Medef.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Borne et les syndicats aborderont "la retraite et d'autres sujets", selon Dussopt