Le retour de Thaksin en Thaïlande ou le dénouement d’“une pièce de théâtre magistrale”

Thaksin Shinawatra a de quoi être heureux. Bête noire de l’establishment thaïlandais pendant de longues années, l’ancien Premier ministre (2001-2006) est désormais courtisé par ceux-là mêmes qui l’avaient renversé et contraint à l’exil. En devenant, en quelque sorte, un garant de l’institution monarchique et des privilèges des puissants, il est aujourd’hui au cœur d’“une grande réconciliation en Thaïlande”, comme le titre le magazine The Diplomat en une de son édition du mois de mai.

Le chemin a été long. À son arrivée au pouvoir au début du siècle, le milliardaire, qui a fait fortune dans les télécoms, avait fait voler en éclats le vieil équilibre politique en offrant une voix à un électorat pauvre et méprisé par les riches citadins. Les élites (aristocratie, armée) s’étaient senties menacées et avaient tout fait pour écarter ce trublion.

En 2006, après cinq ans aux commandes, il s’est exilé à Dubaï, d’où, dit-on, il a continué à tirer les ficelles de l’opposition. Son nom est resté associé à la vague de manifestations des “chemises rouges” qui a déferlé sur le pays à partir de 2009 pour dénoncer les profondes inégalités dans la société. Il n’était pas loin, bien évidemment, de sa sœur, Yingluck, quand elle est devenue Première ministre en 2011 et a été, comme lui, renversée trois ans plus tard par un putsch.

Son ombre n’a jamais cessé de planer sur la vie politique du pays et son nom de polariser la société. Pourtant, relève l’universitaire James Buchanan dans son long article, sur la question de la réforme de la monarchie, il n’a jamais franchi la ligne rouge. “Lorsqu’un de ses proches conseillers l’a exhorté à adopter une approche plus radicale, Thaksin aurait perdu son sang-froid. ‘Depuis quand ai-je dit que j’étais Hô Chi Minh ?’, a-t-il explosé en tapant du poing sur la table. Thaksin est un homme d’affaires, pas un révolutionnaire, et son instinct l’a toujours poussé à éviter la bagarre et à plutôt conclure un accord.”

L’apparition d’un parti au programme radical

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