De retour en France, comment l'ex-otage Sophie Pétronin va-t-elle être prise en charge?

Sophie Pétronin à son arrivée à Villacoublay, le 9 octobre 2020. - AFP
Sophie Pétronin à son arrivée à Villacoublay, le 9 octobre 2020. - AFP

Libérée cette semaine au Mali, Sophie Pétronin, la dernière otage française dans le monde, est arrivée ce vendredi à la mi-journée en France, après près de quatre années de détention aux mains de jihadistes présumés. L'avion, qui avait quitté le Mali vendredi matin, s'est posé vers 12h45 sur la base aérienne de Villacoublay, au sud de Paris. A sa descente sur le tarmac, la septuagénaire a été accueillie par sa famille, par le chef de l'Etat Emmanuel Macron, et prise en charge par la cellule de crise du Quai d'Orsay.

Le retour d'un ex-otage en France est très encadré. À la sortie de l'avion, juste derrière Sophie Pétronin, est descendu Eric Chevallier, à la tête de la cellule de crise du Quai d'Orsay, qui avait fait le déplacement au Mali pour la rencontrer à sa libération.

· Logée dans un hôtel avec sa famille

Sophie Pétronin a d'abord pu retrouver ses proches dans le pavillon d'honneur de la base aérienne de Villacoublay, en présence du président français et du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.

Elle devrait ensuite être logée dans un hôtel avec sa famille, certainement en région parisienne comme ils ne sont pas originaires de la région. Sophie Pétronin n'a d'ailleurs pas réellement d'adresse en France puisqu'elle vivait depuis plusieurs années dans la ville malienne de Gao, avant son enlèvement.

"En général ça se passe dans un hôtel de la région parisienne avec plusieurs chambres et un salon", où tout le monde peut se réunir, explique Patrick Sauce, éditorialiste politique étrangère de BFMTV.

Elle retrouvera alors un lit avec un matelas, chose qu'elle n'a peut-être pas connu pendant quatre ans. "Pour en avoir discuté avec des ex-otages, c'est une drôle d'impression, et ce n'est pas forcément la meilleure. Certains se jettent dans le lit, d'autres balancent le matelas", explique Patrick Sauce.

Ces retrouvailles avec la famille, le confort d'une chambre ou même les vrais repas "je l'ai vécu difficilement parce que je ne savais pas où j'étais", s'est souvenu ce vendredi sur BFMTV Serge Lazarevic, ancien otage au Mali, libéré en décembre 2014.

"Moi j'ai mis du temps à réaliser que j'étais libre. Déjà utiliser le mot 'libre' ce n'est pas simple, j'ai mis du temps. Mais c'est vrai que c'était bien parce que ce sont les retrouvailles, c'est un peu plus intime", a-t-il raconté.

· Le débriefing des services de sécurité extérieure

Dans le même temps, Sophie Pétronin va être interrogée par les services de sécurité extérieure, qui vont essayer d'en savoir plus sur son ou ses lieux de détention dans le Nord du Mali, mais aussi sur ses ravisseurs.

"Elle connait parfaitement la région, elle parle le songhay - c'est à dire le dialecte parlé dans le nord du Mali - elle a pu entendre quelques bribes de conversations", explique Patrick Sauce.

Il est possible que ce debriefing ait commencé dès son arrivée à Bamako jeudi soir. Serge Lazarevic raconte qu'une personne de la DGSE (Direction générale de la Sécurité extérieure), s'est entretenu avec lui "toute une après-midi avant d'aller au Niger", donc avant même son retour en France.

"Après ça a continué à l'hôtel, dans l'avion, ça a continué ici aussi quand je suis rentré", a-t-il expliqué, déclarant avoir passé trois jours à la DGSE à son retour.

Lors de ces entretiens, "on me fait voir des photos, des choses géographiques, un peu de tout", a-t-il détaillé. Cela pourrait permettre aux agents français d'en apprendre un peu plus sur ces groupes d'enlèvement. Sophie Pétronin était aux mains du Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), une alliance de groupes jihadistes affiliée à Al-Qaïda.

· Un accompagnement nécessaire de l'ex-otage

Sophie Pétronin bénéficiera certainement d'un check-up complet de son état de santé, "sans doute dans un hôpital militaire, a priori Percy Clamart, comme ça se passe à chaque libération d'otage", explique Patrick Sauce.

D'ici une dizaine de jours, elle devra choisir ce qu'elle fait ou compte faire de son retour. Elle a déjà émi l'idée de retourner à Gao, s'occuper de l'association qu'elle avait créée avant son enlèvement.

Un suivi des autorités après plusieurs mois à avoir été otage est nécessaire pour Serge Lazarevic: "Quand vous êtes là-bas otage, vous ne savez rien, il n'y a pas de radio, il n'y a aucune communication. Elle revient, elle voit le président, ça ne doit pas être facile. Elle ne sait même pas qui il est ni ce qu'il fait là".

Il réclame d'ailleurs que l'accompagnement des otages soit prolongé au-delà de ces premiers jours: "Ce serait bien qu'ils fassent une petite cellule de deux, trois personnes, qui vraiment s'occupe d'elle pendant les deux, trois ans qui viennent, ne la lâche pas, l'aide", dans la réadaptation à la vie quotidienne, ou simplement pour les obligations administratives.

Article original publié sur BFMTV.com