Un retour de Cahuzac? Hollande juge qu'il "restera celui qui a menti à tout le pays"

Une partie de ping-pong entre un ex-président de la République et son ancien ministre du Budget. Au sens figuré, voilà ce qui s'est joué ce lundi matin. Les deux protagonistes: François Hollande et Jérôme Cahuzac. Le second, condamné pour fraude fiscale, est invité de bonne heure sur France Inter. Quelques jours après un discours public dans le Lot-et-Garonne, l'ancien socialiste continue d'amorcer un éventuel retour. Il ne s'"interdit rien". Et surtout pas de critiquer François Hollande, qui en prend pour son grade.

"Choix malencontreux et même douloureux"

Questionné au départ sur la défiance vis-à-vis des politiques, Jérôme Cahuzac reconnaît sa "part" de responsabilité tout en invitant ceux qui ont les leurs à faire de même, avant d'évoquer François Hollande. L'ex-député du Lot-et-Garonne l'accuse d'avoir menti aux Français en promettant "en 2013, "le retournement de la courbe chômage, sachant que c'était parfaitement impossible".

"Aucune note de la direction de la prévision de la Banque de France, de la direction du Budget, de la direction du Trésor ne lui permettait d'annoncer cela. Bien au contraire même", lance-t-il. Tout en tançant au passage son élection en 2012: "Un choix malencontreux et même douloureux à la fin".

Une référence aux mots employés par ce même François Hollande, en 2018, au sujet de la nomination de Jérôme Cahuzac comme ministre. Ce dernier enfonce le clou:

"Un président sortant qui n'a même pas la possibilité de se représenter, eh bien cela en dit long sur la façon dont il a précisément exercé ce mandat"

"Moralement"

L'intéressé n'a pas tardé à renvoyer l'ascenseur sur les ondes de France Info, quelques minutes plus tard.

Cette comparaison sur le chômage revient à "confondre ce qui est un objectif politique, une promesse, qui mérite d'être tenue, toujours, avec un mensonge pour un fait privé", réplique-t-il.

Quant à un éventuel retour de Jérôme Cahuzac, François Hollande reconnaît qu'il peut "retrouver ses fonctions de citoyen" car il "a purgé sa peine". Avant de très largement nuancer son propos: "moralement, il restera celui qui a menti, qui a menti devant la représentation nationale, à l'Assemblée nationale, qui a menti à sa famille politique, qui m'a menti et qui a menti à tout le pays, en définitive".

D'autres, comme lui, se sont présentés à des élections après avoir été condamnés et ont même été élus, note François Hollande. Et de questionner:

"Est-ce que c'est le signe de la vitalité de la démocratie? Je ne le crois pas."

Jérôme Cahuzac avait démenti "les yeux dans les yeux" devant les députés détenir un compte caché à l'étranger après des révélations de Mediapart en 2013. Cinq ans plus tard, il avait été condamné en 2018 pour fraude fiscale à quatre ans de prison, dont deux avec sursis, et cinq ans d'inéligibilité.

Article original publié sur BFMTV.com