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Rester sur Twitter ou non ? Elon Musk sème le doute chez ces politiques français

Ces politiques français se demandent s’ils ne vont pas quitter Twitter, depuis son rachat par Elon Musk
OLIVIER DOULIERY / AFP Ces politiques français se demandent s’ils ne vont pas quitter Twitter, depuis son rachat par Elon Musk

POLITIQUE - L’oiseau est « libre. » Mais il n’est pas le seul. Depuis que le milliardaire Elon Musk a racheté Twitter pour le « libérer », selon ses mots, les utilisateurs sont nombreux à interroger leur présence sur le réseau social. Sont en cause : les méthodes brutales du nouveau patron, qui a licencié la moitié des salariés de la firme, sans sommation, et sa vision de la plateforme, dessinée à coups d’annonces chocs pour une « liberté d’expression totale. »

De quoi semer le doute sur le devenir de Twitter. Après les associations et les annonceurs, qui craignent un déferlement de discours de haine et de désinformation, les Nations Unies ont demandé, instamment, à Elon Musk de faire respecter les droits Humains sur le réseau social.

La liberté d’expression « n’est pas un laissez-passer », a ainsi prévenu le Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, samedi 5 octobre, dans une lettre ouverte, en soulignant que la propagation de fausses informations, notamment lors de la pandémie de Covid-19, entraînait des dommages dans le monde réel.

Dans ce contexte, en France, plusieurs responsables politiques de premier plan font entendre leur inquiétude. Au point de quitter Twitter ? Et de délaisser un outil devenu phare dans leur stratégie de communication publique ?

Pour Jadot, « Twitter tue la démocratie »

L’un des premiers à avoir réagi en ce sens est sans doute Jérôme Guedj, le député socialiste de l’Essonne avec un message laconique… sur Twitter. « La question de rester ou pas sur Twitter se pose sérieusement », a ainsi écrit l’élu, samedi 5 novembre, au lendemain de la confirmation du licenciement de la moitié environ des 7 500 employés de l’entreprise dans le monde.

Depuis, les prises de position se succèdent, avec plus ou moins d’allant. Invité de France 3, dimanche 6 novembre, Olivier Véran, a, lui aussi, émis de timides réserves sur sa future présence sur le réseau. C’est certes « une façon de s’informer et d’informer, de communiquer », a reconnu l’ancien ministre de la Santé, actif sur la plateforme.

Mais « le fait que cet outil majeur, mondial, appartienne à un homme qui affiche des ambitions, qui m’inquiètent un peu pour certaines d’entre elles, fait que je reste vigilant », a-t-il expliqué, après avoir répondu « je vais voir » à la question de savoir s’il continuerait, ou non, à tweeter. En tout cas, il ne paiera pas pour la certification de son compte, comme souhaite l’imposer Elon Musk avec un abonnement à huit dollars par mois.

Plus offensif, Yannick Jadot, livre quant à lui un réquisitoire en règle contre le réseau social, « le dernier avatar d’un système qui veut tout détruire », ce lundi sur franceinfo. Selon le candidat des écolos à la présidentielle 2 022, « Twitter tue la démocratie, tue la politique » en attaquant « la pensée complexe » et « tout ce qui fait une démocratie » : « un peu de temps, un peu de réflexion, des arguments plutôt que des invectives, discuter avec d’autres, construire des compromis. » Ce pour quoi il assure avoir, lui-même, limité sa parole sur le réseau social, comme vous pouvez le voir ci-dessous (à partir de 22’30).

Reste une question : existe-t-il une alternative à Twitter ? S’il veut encore réduire sa présence sur la plateforme désormais dirigée par l’homme le plus riche du monde, l’eurodéputé peut suivre l’exemple de plusieurs de ses collègues… En migrant sur un autre réseau social, Mastodon.

Une fuite vers Mastodon ?

Selon le quotidien britannique The Guardian, le concurrent « vertueux » de Twitter, qui se targue de ne pouvoir être acheté et détenu par aucun milliardaire puisqu’il est décentralisé, aurait gagné des dizaines de milliers de nouveaux utilisateurs, dont plus de 70 000 au lendemain de l’annonce du rachat de Twitter par Elon Musk.

En France, parmi eux : l’élue locale EELV Marine Tondelier, une des candidates pour prendre la tête des Verts, ou l’ancienne ministre Cécile Duflot.

« J’ai ouvert un compte sur Mastodon. Venez, on y a droit à plus de 280 caractères », a ainsi écrit la première, dimanche, à l’adresse de sa communauté Twitter, en expliquant avoir lu « les messages des salariés de twitter racontant leur licenciement brutal, voir celui d’équipes entières… ». Le tout, avec un hashtag « #mastodonmigration ».

La deuxième, directrice générale d’Oxfam France, a, elle aussi franchit le pas. Sur Twitter, elle transmet ses conseils pour débuter sur la plateforme à l’éléphant - le logo, ou la mascotte de Mastodon - et aux contours obscurs.

Créée en 2016 par un jeune allemand, Eugen Rochko, Mastodon, un réseau social décentralisé fonctionnant sur la base d’une inscription au serveur de votre choix, apparaît aujourd’hui comme une des alternatives les plus sérieuses à Twitter. Mais il ne compte pour le moment que 4,5 millions d’utilisateurs, selon le Time, qui en a interviewé le créateur après l’afflux récent de nouveaux utilisateurs - et il leur promet d’ailleurs que son réseau a des solutions de modération innovantes contre les discours haineux.

Mais force est de constater, malgré tout, que ces prises de position restent marginales dans la sphère politique française, très encline à communiquer par tweets. Il va donc falloir patienter encore un peu pour lire leur « pouets », le nom donné aux messages sur Mastodon.

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