"Moi, je reste ici": à Kiev, ce Français refuse de partir et se prépare au siège

Les équipes de BFMTV ont pu rencontrer Julien Leblanc, un Français originaire de Mulhouse qui ne se résout pas à laisser sa compagne ukrainienne.

Dans le sous-sol d'un immeuble de Kiev, un homme âgé vêtu d'une veste de camouflage tient fièrement dans ses mains un cocktail Molotov. Les caisses à ses pieds, initialement destinées à accueillir des bouteilles de bière, en sont remplies. À ses côtés se tient Julien Leblanc, un ressortissant Français installé dans la capitale ukrainienne. "Ça va servir à la défense, pour eux, si jamais ils se font attaquer", glisse-t-il.

"Partir vers le pire?"

Originaire de Mulhouse, Julien a fait le choix de rester à Kiev. Une ville pourtant ciblée par des bombardements russes, depuis que le président Vladimir Poutine a lancé le 24 février une invasion de grande ampleur sur son voisin ukrainien. Mardi, c'est la tour de télévision de la capitale qui a été visée, faisant cinq morts.

Le matin même, ce Français a bien reçu un SMS du ministère de l'Intérieur, lui indiquant qu'un convoi spécialement affrété pour les ressortissants hexagonaux allait quitter Kiev, destination la frontière ouest, pour rejoindre l'Union européenne. Un voyage qu'il a refusé d'entreprendre, lui qui est en couple avec une Ukrainienne.

"Moi je reste ici. Nous sommes une famille recomposée avec ma nouvelle compagne, et ses enfants sont bloqués à Kharkiv, sous les bombes. Comment voulez-vous dire à une mère de partir à l'étranger en laissant ses enfants sous les bombes? Et moi je ne quitterai pas ma femme, ce n'est pas possible", explique le Français.

D'ailleurs, dans le coin d'une pièce, sa compagne ne peut retenir ses sanglots. Julien essaie de la rassurer comme il peut. "Pour l'instant, nous avons un appartement. De l'eau, du chauffage, de quoi manger... Pour partir vers le pire?", indique-t-il à l'équipe de BFMTV qui l'a rencontré.

700 Français toujours dans le pays au début de l'invasion

Son appartement est bourré de provisions, son frigo également. Quant à son sous-sol, il l'a aménagé en abri anti-bombe. Malgré tout, la peur reste présente, face à cet agresseur russe qui a encore bombardé ce vendredi la plus grande centrale nucléaire du pays, à Zaporijjia, sans toutefois déclencher de fuites radioactives.

"Bien sûr qu'on a peur. Comment ne pas avoir peur quand vous avez une armée de tanks qui s'apprête à bombarder la ville dans laquelle vous vivez?", explique Julien Leblanc.

Après le début de l'invasion russe, l'ambassadeur de France en Ukraine avait indiqué sur BFMTV le 24 février être en contact avec "environ 700 Français" toujours présents dans le pays. Qui ne font cependant pas tous le choix de rester comme Julien Leblanc.

Jeudi matin, ce sont trois autobus affrétés par le Quai d'Orsay qui ont quitté la capitale, avec à leur bord des Français. Eux aussi avaient reçu le fameux SMS du ministère.

Parmi eux, Olivier et Stéphanie, accompagnés de leur nouveau-né âgé tout juste de deux jours. "Ce sera peut-être le plus jeune rapatrié", glisse le père de famille, avant de s'engouffrer dans le bus.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Général Dominique Trinquand : "L’utilisation de l’arme nucléaire ? Je n’y crois pas"