Pour un responsable de la Banque d’Angleterre, “les Britanniques doivent accepter d’être plus pauvres”

“À un moment donné, au Royaume-Uni, il va falloir que les gens acceptent qu’ils sont plus pauvres, qu’ils cessent de chercher à préserver leur pouvoir d’achat réel en surenchérissant sur les prix, que ce soit en augmentant les salaires ou en répercutant les coûts de l’énergie sur leurs clients. Et ce à quoi nous sommes confrontés aujourd’hui, c’est à ce refus d’admettre que, oui, c’est plus difficile pour nous tous, et que nous devons tous faire notre part.”

Huw Pill

Économiste en chef à la Banque d'Angleterre

“Infirmiers, médecins, cheminots et autres travailleurs qui envisagez de vous mettre en grève pour que vos salaires rattrapent l’inflation : ces remarques vous sont adressées”, lance l’hebdomadaire The Spectator.

Chef économiste de la Banque d’Angleterre, Huw Pill “ne risque pas de gagner un concours de popularité”, ajoute le magazine conservateur. Sa déclaration, remarquée et largement reprise outre-Manche, suscite de nombreux commentaires dans la presse de tous les bords politiques.

“S’exprimant pour un podcast de l’université Columbia, aux États-Unis, le responsable a précisé qu’il était normal que les ménages demandent des salaires plus élevés et que les restaurants augmentent leurs prix, note The Guardian. Cependant, étant donné l’explosion du coût des importations de gaz comparé aux exportations du pays, principalement dans le domaine des services”, Huw Pill juge inévitable une baisse du niveau de vie des Britanniques. “Nos compatriotes essaient de se refiler de patate chaude de l’augmentation des prix, et ça continue d’alimenter l’inflation”, a-t-il résumé. En creux, l’économiste juge également nécessaire la réduction des marges des entreprises, “au moment où les géants de l’agroalimentaire publient des résultats record”.

“Une institution déconnectée de la réalité”

Mais cette sortie, remarque le journal londonien, “risque de renforcer l’idée selon laquelle l’institution est déconnectée de la réalité vécue par les Britanniques dans ce contexte de crise du coût de la vie”. D’autant que cet hiver le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Andrew Bailey, a tenu des propos similaires à ceux de Huw Pill, “appelant les salariés à ne pas demander d’augmentations de salaire importantes”. Or ces deux hommes, grince le quotidien classé à gauche, sont “payés respectivement 560 000 euros et 200 000 euros par an”.

“Pill a pourtant raison”, tempère The Spectator. Dans une économie stagnante, à la productivité déclinante, “il apparaît évident que tout le monde ne peut pas prétendre à une augmentation de salaire”. Reste que “la Banque d’Angleterre semble ignorer sa propre responsabilité dans la situation actuelle et se mure dans le déni”, s’agace l’hebdomadaire : au Royaume-Uni, le taux d’inflation demeure supérieur à 10 %, contre 6,9 % dans la zone euro.

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