Les requins-baleines voient mieux dans les eaux froides

Les requins-baleines (Rhincodon typus), les plus gros poissons du monde avec une taille comprise entre 5 et 12 mètres, sont aussi connus pour être les animaux marins de surface ayant “une des plus grandes amplitudes de plongée puisqu’ils sont capables de plonger jusqu’à 2 000 mètres de profondeur”, rappelle la revue Science. Mais à ces profondeurs l’obscurité règne en maître, ce qui en théorie devrait contraindre l’activité de ces géants. Il n’en est rien, comme le révèle un court rapport paru dans les Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), les requins-baleines semblent bel et bien voir dans les abysses. Une prouesse qui, selon les chercheurs, pourrait aider la médecine à mieux comprendre la cécité nocturne congénitale stationnaire, une maladie génétique qui empêche ses porteurs de voir la nuit.

La raison pour laquelle les requins-baleines plongent si profondément reste un mystère ; quoi qu’il en soit, au-delà d’une certaine profondeur, ils exploitent, pour voir, les propriétés d’un pigment rétinien présent chez tous les vertébrés, la rhodopsine. “Bien que ces pigments soient moins utiles dans les habitats ensoleillés, précise Science, ils aident beaucoup de vertébrés, dont les humains, à détecter la lumière dans des environnements peu lumineux.”

Chez les requins-baleines, la rhodopsine permet de percevoir la lumière bleue, la seule qui se fraie un chemin dans les grandes profondeurs. Plus encore, le rapport de la revue Science pointe une mutation génétique qui rendrait les pigments rétiniens des requins-baleines plus sensibles aux changements de température. Cette mutation, qui consiste au remplacement d’un acide aminé hydrophile, la thréonine, par un acide aminé hydrophobe, l’alanine, a pour conséquence une diminution de la stabilité thermique de la rhodopsine à des températures relativement hautes et une augmentation de l’acuité visuelle lorsque les températures sont basses.

“Ces pigments sont activés par les basses températures qui règnent dans les abysses et désactivés lorsque les poissons géants remontent à la surface pour se nourrir”, écrit Science. Une mutation également présente chez des poissons vivant dans les profondeurs des eaux froides antarctiques comme la bocasse noire (Notothenia coriiceps). C’est aussi cette mutation de la rhodopsine, située au même emplacement, qui provoque chez nous une cécité nocturne handicapante.

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