Une «Reprise» de haute volée

A la fois reconstitution d’un terrible fait divers et superbe manifeste, le premier volet des «Histoire(s) du théâtre» de Milo Rau démontre et interroge tous les potentiels de la tragédie, du mot et du jeu.

C’est un bouleversant petit manifeste, qui brille par son économie. Il se déplie devant nous en exhibant toutes ses coutures, cela fait partie du projet car la Reprise, histoire(s) du théâtre (I) est un spectacle sur tout ce que peut - et devrait faire - le théâtre, et comment il y parvient. Un projet résumé poétiquement par l’apparition, en quasi-préambule, du fantôme du père de Hamlet, dont le monologue est déclamé en anglais, et d’une voix de stentor, par le merveilleux Johan Leysen : «Un récit dont le moindre mot labourerait ton âme, glacerait ton jeune sang, ferait sortir de leurs sphères tes yeux comme deux étoiles…» Nous voici aux racines de la tragédie : le théâtre, c’est ce qui fait parler les morts, et c’est aussi ce qui est joué à leur attention.

En une heure et quarante minutes, Milo Rau et ses comédiens, quatre professionnels et deux amateurs, vont faire vivre l’idée, la questionner, offrant une démonstration radicale des potentialités de la performance, et de ce que le metteur en scène de 41 ans, qui vient de prendre la direction du NTGent (théâtre national de Gand, en Belgique), entend par «l’acte fondamentalement solidaire»à quoi il entend élever sa pratique. Ses Histoire(s) du théâtre, dont ceci est le premier volet et dont le titre emprunte aux Histoire(s) du cinéma de Jean-Luc Godard, se veulent une «enquête performative à long terme sur la plus ancienne forme d’art de l’humanité».

Terreau Liégeois

Après un long travail d’enquête, Milo Rau a écrit avec l’aide de la troupe le texte de la Reprise,inspiré d’un épouvantable fait divers qui s’est déroulé à Liège en 2012 : le meurtre, un soir d’avril, d’un jeune homosexuel, Ihsane Jarfi, tabassé par un groupe de types qu’il ne connaissait pas, laissé nu et agonisant sur le bord d’une route en lisière de (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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