Reprise des combats dans l'est du Congo démocratique

REPRISE DES AFFRONTEMENTS EN RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

par Kenny Katombe GOMA, République démocratique du Congo (Reuters) - Des combats ont éclaté vendredi entre les rebelles du M23 et l'armée gouvernementale près de Goma, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), après une accalmie de près de deux mois. Le général Sultani Makenga, chef militaire des insurgés, a déclaré à Reuters que l'armée était passée à l'attaque à 04h00 locales (02h00 GMT) à Kanyamohoro, à une quinzaine de kilomètres au nord du chef-lieu de la province du Nord-Kivu. "Ils nous ont attaqués. Nous allons défendre nos positions", a-t-il dit par téléphone. Le général de l'armée congolaise Lucien Bahuma a en revanche affirmé que les hostilités avaient été relancées par les rebelles et que les combats se poursuivaient. L'armée rwandaise a pour sa part écrit sur son compte Twitter que son homologue congolaise avait tiré trois obus et effectué des tirs à l'arme légère contre le territoire du Rwanda, près de la ville de Gisenyi, dans le district de Rubavu. Les tensions entre les deux pays voisins font régulièrement craindre l'éclatement d'un nouveau conflit régional. Un journaliste de Reuters présent à Goma, ville située sur le lac Kivu, face au Rwanda, a fait état d'affrontements intenses, l'armée congolaise, les FARDC, pilonnant à l'artillerie lourde les positions rebelles. La mission des Nations unies en RDC (Monusco) a fait savoir qu'elle examinait la situation sur le terrain avant de décider s'il était opportun de venir en aide à l'armée congolaise. Des militaires sud-africains et tanzaniens appartenant à la brigade d'intervention de la Monusco se trouvaient près de la ligne de front mais ils n'ont pas participé aux combats. ÉCHEC DES POURPARLERS La reprise des hostilités intervient quelques jours après l'échec de négociations de paix dans la capitale ougandaise, Kampala. Le gouvernement de Kinshasa affirme que ces pourparlers ont achoppé sur son refus d'amnistier les dirigeants du M23 et de la réintégrer au sein des FARDC. Le M23 assure, de son côté, ne pas souhaiter rejoindre les rangs de l'armée régulière. C'est la deuxième fois en trois mois que les pourparlers de paix ont été rompus et que les violences reprennent entre les FARDC et le mouvement rebelle créé il y a vingt mois. Fin août, l'armée congolaise appuyée par la nouvelle brigade d'intervention rapide de l'Onu avait délogé les rebelles de leurs positions situées juste au nord de Goma. Mercredi soir, le président congolais, Joseph Kabila, avait menacé d'user de la force militaire en cas d'échec du dialogue pour résoudre la crise au Kivu. "Le gouvernement ne continuera pas à risquer la vie de nos compatriotes face aux bombardements aveugles et aux abus de toutes sortes. (Le M23) est pris entre la force de l'armée et une porte de sortie politique étroite", a-t-il dit au Parlement. Le M23 est issu d'une mutinerie de militaires congolais qui a éclaté début 2012. Ses membres exigent que le gouvernement de Kinshasa applique intégralement les engagements pris lors de l'accord de paix de 2009 passé avec une rébellion antérieure appuyée, selon les autorités congolaises, par le Rwanda. Des enquêteurs de l'Onu accusent Kigali d'apporter son soutien aux hommes du M23, ce que le Rwanda nie énergiquement. Avec Pete Jones à Kinshasa, Jean-Loup Fiévet et Bertrand Boucey pour le service français, édité par Gilles Trequesser