« On reprendra notre terre avec les armes » : l’espoir du retour pour les réfugiés du Haut-Karabakh

Le village de Tegh, dans la région du Syunik (Arménie), le 25 mars 2024. Christiné, soldate dans l'armée d'Artsakh, la république du Haut-Karabakh, déplacée avec sa famille en Arménie lors de l'épuration ethnique de septembre 2023 perpétrée par l'Azerbaïdjan.  - Credit:Antoine Agoudjian pour « Le Point »
Le village de Tegh, dans la région du Syunik (Arménie), le 25 mars 2024. Christiné, soldate dans l'armée d'Artsakh, la république du Haut-Karabakh, déplacée avec sa famille en Arménie lors de l'épuration ethnique de septembre 2023 perpétrée par l'Azerbaïdjan. - Credit:Antoine Agoudjian pour « Le Point »

Les deux bambins de 7 et 5 ans crient, roulent dans l'herbe, se chamaillent. Soudain, le plus âgé empoigne son petit frère et le coince à l'arrière de sa voiture en plastique. Il s'assoit, saisit le volant et propulse son véhicule d'un coup de semelle : « Tiens-toi bien, on retourne à Chouchi », lance-t-il. Leur tante Christiné, 42 ans, les regarde tristement. Elle aussi rêve d'un retour à Chouchi, sa ville natale, cité historique du Haut-Karabakh.

Elle aurait pu décider de s'installer à Erevan, la capitale arménienne, mais elle a choisi Tegh, un village de 2 000 habitants, dans la région du Syunik. « Ici, je peux sentir ma terre et être la première à y retourner dès que possible », dit-elle. Tegh se situe à quelques centaines de mètres de la frontière du Haut-Karabakh. C'est le cas depuis septembre 2023, date à laquelle l'Azerbaïdjan a mis la main sur l'enclave montagneuse arménienne, chassant ainsi ses 100 000 habitants.

Une opération militaire menée en quelques jours à la barbe d'un gouvernement arménien impuissant et de capitales occidentales passives. Christiné et sa famille ont fui, la peur au ventre. Elle savait que nul n'en réchapperait si l'ennemi découvrait leur véritable identité. Elle-même, sa fille et son mari sont militaires. « À notre domicile, on a détruit toute trace liée à l'armée, y compris un uniforme d'enfant. » Christiné connaît les Azéris. Un jour, elle a vu un officier abattre d'un coup de pistolet l'un de ses soldats qui lui avait te [...] Lire la suite