REPORTAGE. Dans les souterrains médiévaux de France

De la Picardie au Poitou, des milliers de cavités dissimulées sous des bâtiments ruraux ont été aménagées au Moyen Âge par les habitants. Elles servaient de refuge dans les périodes de troubles, mais aussi de lieu de stockage. Reportage en Anjou dans l'un de ces édifices souterrains encore méconnus.

Cet article est extrait du mensuel Sciences et Avenir - La Recherche n°915, daté mai 2023.

Le silence est total, tout comme l'obscurité, au point qu'il est impossible de faire un pas sans une lampe vissée sur le front. À droite comme à gauche, le faisceau de lumière nous dévoile d'étroits corridors, bouches béantes et obscures prêtes à nous engloutir. L'échine courbée, nous évoluons à pas lents, tant pour éviter de nous cogner la tête sur le plafond que pour ne pas frôler les chauves-souris qui y sont suspendues, ailes repliées mais déjà prêtes à fuir. "Nous les avons dérangées, elles vont finir par s'envoler ", lance Laurent Triolet, notre guide.

Au sol grouillent de minuscules insectes, attirés par les déjections des chiroptères, quand les parois rocheuses, elles, ont été par endroits colonisées par d'étranges champignons ramifiés, stimulés par l'extrême humidité de l'atmosphère. Nous sommes dans l'un des souterrains médiévaux les mieux préservés de France. Un dédale de couloirs dont l'existence, sous le jardin d'une petite maison blanche située dans un village d'Anjou*, à une heure de route de Tours, est difficile à soupçonner.

Cet ouvrage pourrait bien être ce que l'érudit Alexandre Bouthors a appelé en 1838 "souterrain-refuge ". Près de 800 d'entre eux ont été recensés depuis le 19e siècle, en grande partie dans le sous-sol des campagnes de l'ouest et du nord de la France. Ils auraient été creusés par milliers entre le 10e et le 17e siècle pour servir d'abri temporaire à la population rurale et de cachette pour leurs vivres en périodes de troubles. Avec son frère Jérôme, Laurent Triolet explore depuis les années 1980 ces "monuments oubliés, anonymes et invisibles, qui ne sont ni de simples trous, ni de simples caves ". Du moins ceux qui ont pu résister aux affres du temps et des machines pour être sondés.

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