Repas médiocres, maltraitance... Deux ans après Orpea, les Ehpad à nouveau dans la tourmente

Une enquête de 60 Millions de consommateurs pointe des repas médiocres qui menacent la santé des résidents des Ehpad. Un établissement du groupe Emera est également visé par une plainte pour maltraitance.

Repas médiocres, maltraitance... Deux ans après Orpea, les Ehpad à nouveau dans la tourmente

Près de deux ans après le scandale Orpea, les Ehpad à nouveau cibles de critiques. Le magazine 60 Millions de consommateurs a publié ce jeudi 26 octobre une enquête qui pointe une mauvaise qualité des repas, qui mettrait en danger la santé des résidents de ces établissements dédiés aux personnes âgées en situation de dépendance.

En parallèle, le groupe Emera, qui compte 47 Ehpad en France et plusieurs dizaines d'autres à l'étranger, est visé par une plainte déposée début octobre pour maltraitance et défaut de soin, étayées par plus d'une dizaine de témoignages.

30% des résidents en situation de dénutrition

Selon l'enquête de 60 Millions de consommateurs, la qualité des repas servis dans les Ehpad est au mieux médiocre, au pire très mauvaise. Les personnes âgées interrogées par le magazine font notamment état de plats "peu appétissants", "sans aucun goût", qui comprendraient "des aliments non identifiables". Dans certains établissements, la nourriture est systématiquement mixée, même pour les personnes n'ayant pas de mal à s'alimenter.

Sylvie Metzelard, rédactrice en chef du magazine, a expliqué ce jeudi sur France Info qu'étant donné la piètre qualité des plats servis, "un quart seulement des résidents finit son assiette, 53% la terminent 'parfois' et 21% 'jamais'". Au point que 30% d'entre eux seraient en situation de dénutrition, selon le magazine.

La qualité des plats consommés par les personnes âgées est pourtant décisif. "Contrairement aux idées reçues, le vieillissement augmente les besoins énergétiques, à cause d’un moins bon rendement métabolique", explique à 60 milllions de consommateurs Annick Ruffat, diététicienne dans les hôpitaux de Luchon (Haute-Garonne).

Pour Sylvie Metzelard, ces plats peu ragoûtants sont liés à la volonté de proposer en général des repas à moins de six euros pour les résidents. Une contrainte de plus en plus difficile à respecter en période d'inflation des prix des produits alimentaires.

Dans son livre-enquête Les Fossoyeurs, qui avait mis au jour la priorité accordée au profit dans les Ehpad du groupe Orpea au détriment de la santé des résidents, le journaliste Victor Castanet pointait les économies de bout de chandelle réalisées sur les portions de nourritures servies.

Manque de personnel

60 Millions de consommateurs explique par ailleurs que le délai entre le dernier repas de la journée, pris généralement entre 18h et 18h30, et le petit-déjeuner est généralement supérieur aux 12 heures maximum de jeûne recommandé par les médecins. Le nombre de personnes présentes lors des repas pour aider les résidents à s'alimenter est par ailleurs souvent trop faible, ce qui oblige régulièrement certaines personnes âgées à attendre plus ou moins longtemps qu'on s'occupe d'elles.

Selon une autre enquête réalisée par la Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées (FNADEPA), qui regroupe 1.500 adhérents, 78% des établissements et services manquent de personnels pour fonctionner correctement.

Plainte contre un établissement du groupe Emera

Sur le volet des maltraitances reprochées à certains Ehpad, un établissement du groupe Emera a été visé par une plainte déposée le 3 octobre pour violences volontaires sur personne vulnérable et défaut de soin. Depuis, l'avocat Pierre Farge, qui défend la plaignante, a reçu une dizaine d'autres mandats et de témoignages.

"C'est des médicaments qui ne sont pas délivrés aux bonnes personnes, pas délivrés dans les délais, c'est des plaies, c'est des chutes", liste-t-il.

Un témoin qui souhaite rester anonyme témoigne sur BFMTV des violences dont une de ses amies a été victime pendant plus de six mois.

"Mon amie tombait souvent parce qu'elle n'était pas encadrée suffisamment pour qu'elle se déplace. (...) Au niveau hygiène aussi, on m'a demandé d'être responsable de la propreté de la chambre", rapporte-t-il.

Dans un communiqué, le groupe dément formellement les accusations portées à l'encontre de ses établissements.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Une journaliste de cash investigation embauchée sans expérience dans un Ehpad raconte son quotidien