Renzi insiste sur un changement d'orientation de l'UE

Matteo Renzi a appelé à un changement d'orientation de l'Union européenne en jugeant que les politiques d'austérité ne pourraient garantir à elles seules la stabilité du continent face au chômage et à la stagnation économique. L'Italie prendra en juillet la présidence tournante de l'UE. /Photo prise le 18 juin 2014/REUTERS/Remo Casilli

par James Mackenzie ROME (Reuters) - Matteo Renzi a appelé mardi à un changement d'orientation de l'Union européenne en jugeant que les politiques d'austérité ne pourraient garantir à elles seules la stabilité du continent face au chômage et à la stagnation économique. S'adressant aux députés italiens avant le Conseil européen de jeudi et vendredi, le chef du gouvernement a réaffirmé que l'Italie ne réclamait pas un assouplissement des règles budgétaires de l'UE mais une application plus souple permettant la mise en oeuvre de réformes structurelles au plan national, comme celles qu'il compte appliquer d'ici 2017. "Le traité nous oblige à considérer la croissance et la stabilité comme des éléments qui vont de pair. Il n'y a pas de stabilité possible s'il n'y a pas de croissance en Europe et les politiques économiques des dernières années ont échoué pour cette raison", a-t-il déclaré, jugeant que les "grands prêtres" de l'austérité risquaient de condamner l'Europe à la stagnation. Le président du Conseil italien a en outre annoncé son intention de présenter un programme pour "1.000 jours" lorsque l'Italie prendra en juillet la présidence tournante de l'UE. Ce plan, qui court donc jusqu'en mai 2017, devra être approuvé par le Parlement, a-t-il précisé. Arrivé aux affaires en février, l'ancien maire de Florence s'est engagé à faire adopter d'ambitieuses réformes dans les 100 premiers jours de son mandat pour redresser une économie en panne de croissance depuis dix ans et confrontée à un chômage qui touche 40% des jeunes. Il admet aujourd'hui implicitement que son programme a pris du retard. RELANCE DE L'INVESTISSEMENT "On voit aujourd'hui que les 100 jours de Matteo Renzi, qui avait promis une réforme par mois, sont devenus un programme sur trois ans. Mais, en Europe, il n'aura que six mois et ne pourra pas tricher", a averti Emanuele Prataviera, député de la Ligue du Nord, lors du débat qui suivi le discours du président du Conseil. Matteo Renzi a participé au sommet informel qui a réuni plusieurs dirigeants sociaux-démocrates samedi à Paris, et qui a amené la France à adresser mardi à ses partenaires européens des propositions pour lancer une initiative en faveur de la croissance et peser sur les orientations de l'UE lors du prochain sommet. François Hollande entend défendre jeudi et vendredi à Ypres puis à Bruxelles "l'enjeu très fort de relance de l'investissement", qui passe par la définition de projets et de capacités de financement, explique-t-on à l'Elysée. Le texte, qu'il a adressé aux 27 autres chefs d'Etat et de gouvernement ainsi qu'au président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, insiste sur la nécessité de simplifier l'action de l'UE pour la rendre plus lisible et concentrée sur l'essentiel. (James Mackenzie; Bertrand Boucey et Jean-Philippe Lefief pour le service français)