Rentrée littéraire : David Le Bailly dans l’hôtel de la folie

Dans ce roman-enquête, David Le Bailly brise le silence pour se lancer à l’assaut de son histoire. - Credit:© Bénédicte Roscot
Dans ce roman-enquête, David Le Bailly brise le silence pour se lancer à l’assaut de son histoire. - Credit:© Bénédicte Roscot

«Il m'arrive parfois de penser à eux à présent, à leur supplice, à cet Hôtel de la Folie qu'ils n'ont pas connu, à la fatalité qui les a frappés. » Sous les yeux de David, son petit-fils, Pia Nerina de Cecchi s'est défenestrée. Elle avait 80 ans, lui, 10. Dans l'appartement de l'avenue Montaigne, ce soir glacial, il y avait aussi Victoria. La fille de la vieille dame suicidée, la mère de l'enfant déserté. Trente ans plus tard, une fois Victoria et ses violences enterrées (« Ne pas souffrir en disant “maman est morte”, c'est être anormal. Inhumain. […] Je n'aime pas ma mère »), il ne reste plus que lui, David, seul habitant des secrets de sa famille, prisonnier d'une toile tissée année après année par le silence-araignée. Il aurait pu rester dans la gangue, s'y débattre un peu et puis y crever. Mais le voilà lancé à l'assaut d'un monstrueux passé, de Naples au triangle d'or parisien, en passant par la Riviera, et l'île noire de la folie.

Se dessine doucement l'histoire de la grand-mère adorée à l'allure renversante (photos à l'appui), née à Naples sans le sou, morte dans une cour près des Champs-Élysées, au pied du « trésor de guerre » qui était aussi sa prison dorée. Et celle de Victoria, sa fille violente, qui toute sa vie humilia mère et fils, officiellement folle à lier (mais « des deux, qui a contaminé l'autre ? » s'interroge l'auteur. « Je crois plutôt à une intoxication mutuelle, à un corps-à-corps tragique, mère et fille, serpents entremêlés se crach [...] Lire la suite