Les renseignements s'inquiètent de la radicalisation de certains survivalistes

INFO BFMTV - Une note du renseignement militaire datée de début juin s'inquiète notamment du possible débauchage de militaires ou de policiers par des adeptes de la mouvance survivalistes.

L'enlèvement de la petite Mia, qui a récemment mis en émoi le pays, a mis en lumière plusieurs sphères conspirationnistes. Parmi les organisateurs présumés de ce rapt figurent ainsi des individus connus de la DGSI pour leur appartenance à la mouvance survivaliste. Les adeptes de ce courant, qui pensent que notre système va s'effondrer et font tout pour y survivre, inquiètent de plus en plus les autorités.

"Une partie des survivalistes tend à se radicaliser", alerte ainsi une note du renseignement militaire datée de début juin, et dont BFMTV a eu connaissance.

Cette note a-t-elle été inspirée par de récentes affaires? Ces derniers mois, plusieurs profils de forcenés armés retranchés dans la forêt, parfois d'ex-militaires, ont nécessité de lourdes interventions des forces de l'ordre. Parmi eux, Valentin Marcone, mis en examen pour "assassinats" après un double-homicide dans les Cévennes en mai dernier ; Thierry Dupin, ancien militaire traqué pendant 36 heures en Dordogne par après avoir été violent sur son ex-compagne et tiré sur les gendarmes à la fin du mois de mai ; ou encore Frederik Limol, qui avait tué trois gendarmes venus au secours de sa compagne victime de violences conjugales fin novembre dans le Puy-de-Dôme.

Des "pratiques extrêmement violentes"

Parmi les survivalistes, il y a plusieurs courants. Certains adeptes, liés à l'ultradroite, sont persuadés que l’État sera bientôt débordé par la délinquance et l’islamisme radical. D’autres, proches de l’ultragauche, cherchent à vivre en autosuffisance pour renverser le capitalisme.

Dans les deux cas, cette vision du monde peut pousser les personnes concernées à la violence. "J’ai observé des gens qui vont s’engager dans la violence par une peur profonde, une peur viscérale", explique à BFMTV Mathieu Burgalassi, auteur du livre La peur de la haine, enquête chez les survivalistes. Pour écrire cet ouvrage, il a infiltré pendant quatre ans des communautés survivalistes.

"Des gens qui vont participer à des stages de tirs tactiques, parfois à des entraînements de self-défense paramilitaire… J’ai notamment appris sur le terrain à égorger des gens, j’ai appris à étrangler des gens", détaille l’auteur. "Et ces gens-là quand on leur parle de ce qu’ils font, de ces pratiques extrêmement violentes, à chaque fois ils disent 'moi, je ne suis pas violent, je fais ça pour me protéger'."

Quels sont les risques?

Selon Mathieu Burgalassi, ce qui est inquiétant, c’est que "ce n’est jamais une violence perçue comme telle, mais toujours perçue comme de la légitime défense".

Devant cette population qui s’arme et qui s’entraîne, le service de renseignements lié aux armées s’inquiète du possible débauchage de militaires ou de policiers, ou d'une infiltration de ces individus dans l’armée. Il n'écarte pas non plus de possibles actes terroristes, menés par un individu isolé ou une communauté survivaliste.

Article original publié sur BFMTV.com

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