Rennes: ce que l'on sait de la découverte d'un adolescent de 14 ans reclus depuis sa naissance

Une histoire invraisemblable. Une femme de 48 ans, prénommée Stéphanie, a été renvoyée devant le tribunal correctionnel lundi à Rennes, en Ille-et-Vilaine, soupçonnée d'avoir caché l'existence de son fils âgé de 14 ans depuis sa naissance, a appris BFMTV jeudi. La mère nie toute maltraitance.

• Comment l'enfant a-t-il été découvert?

En juillet 2022, la quadragénaire se présente aux urgences, inquiète pour son fils de 14 ans, victime d'un malaise, selon Ouest France. Son avocat Me Thomas Koukezian assure ce vendredi sur BFMTV qu'à ce moment-là, elle "soupçonne qu'il souffre d'une allergie", sans préciser laquelle.

L'équipe médicale prend l'adolescent en charge et se rend rapidement compte qu'il est frêle et présente des retards d'apprentissage. Les autorités se penchent ensuite sur son cas et découvrent que l'enfant n'est connu d'aucun établissement scolaire et d'aucun praticien.

Selon l'autre avocat de Stéphanie, Me Emmanuel Ludot, l'enfant est né aux Philippines, où la mère dit s'être rendue pour accoucher, avant de rentrer en France. L'enfant a été déclaré à sa naissance à l'Ambassade de France située à l'étranger.

• Quel était son état de santé?

Le jeune adolescent présente un état de santé inquiétant pour son âge lorsqu'il est découvert. Le journal Ouest France affirme qu'il ne pèse que 25 kg, ce que dément toutefois la mère auprès de BFMTV.

"Il a toujours eu à manger, évidemment, autant qu'il le voulait", assure-t-elle à notre micro.

Son avocat Me Emmanuel Ludot assure cependant que l'enfant pesait 33 kg pour 1m47 l'été dernier, ce qui peut être considéré comme un poids insuffisant.

Selon les premiers éléments de l'enquête, l'adolescent souffre de graves carences de santé, de troubles du langage et présente une peur des autres. Stéphanie dément toutefois: elle assure qu'il est en "très bonne santé" et "tombe très rarement malade".

Emmanuel Ludot, premier avocat de la mère, dit de son côté que l'enfant ne possède pas de carnet de santé et présente un "retard de maturité". Pour Me Thomas Koukekian, "on ne peut pas reprocher à (sa cliente) un défaut de soins. S'il a un bobo, naturellement elle emmène l'enfant chez le médecin".

• Que sait-on de leur quotidien à Rennes?

La mère dit s'être installée à Rennes avec son fils avant 2020, après avoir vécu un temps à Paris. L'appartement dans lequel tous deux résident en Ille-et-Vilaine est considéré comme insalubre par la police.

Alors que les enquêteurs soupçonnent la mère d'avoir vécu recluse avec son fils, Stéphanie rejette de son côté cette version des faits. "Nous avons une vie extérieure qui est très riche, beaucoup de monde nous connaît", assure-t-elle à notre micro, énumérant activités sportives, sorties au musée et lectures qui ponctuaient, dit-elle, leur quotidien.

Concernant les soupçons de vie à l'écart du monde, Me Thomas Koukezian dénonce une "aberration", quand l'autre avocat, Me Emmanuel Ludot, assure sur BFMTV que l'adolescent "sortait quand il voulait de chez lui" et "n'était pas désocialisé" ni "caché", mais qu'il menait une vie atypique et ne connaissait "quasiment que sa maman".

"Très intelligent" et "féru d'histoire", il n'allait pas à l'école et "apprenait ce qu'il avait envie d'apprendre", ce qui explique qu'il avait des "carences" scolaires. L'avocat précise que l'adolescent a par ailleurs une "élocution très précieuse".

• Que sait-on de la mère et que risque-t-elle?

Me Emmanuel Ludot indique à BFMTV que la mère est une femme diplômée en architecture et en histoire de l'art. Elle a choisi de ne pas le scolariser et de lui faire cours à la maison en lui faisant faire de nombreuses sorties culturelles. Elle n'était cependant pas enregistrée auprès des autorités comme étant son éducatrice à domicile selon lui.

L'avocat la décrit encore comme une femme qui vivait de façon "fusionnelle" avec son fils et ne lui donnait pas de "limite" ou de "punition". Elle avait également choisi de ne pas le faire vacciner, selon lui. Elle, de son côté, dit que son fils a reçu une première série de vaccins, avant d'être dispensé des autres pour des "raisons médicales", qu'elle ne précise pas.

Selon Me Thomas Koukekian, c'est simplement une femme "artiste", qui n'est "peut-être pas dans la norme", mais qui est "aimante" avec son fils. Il dénonce une enquête "à charge".

Renvoyée devant le tribunal correctionnel, Stéphanie encourt jusqu'à 7 ans de prison et 100.000 euros d'amende. Elle doit comparaître en octobre prochain pour "soustraction par un parent à ses obligations légales compromettant la santé, la sécurité, la moralité ou l’éducation de son enfant" et "privation de soins ou d’aliments compromettant la santé d’un mineur de moins de 15 ans par ascendant ou personne ayant autorité".

Article original publié sur BFMTV.com