Rencontres de Saint-Denis d’Emmanuel Macron : une nouvelle édition qui n’a rien à voir avec les précédentes

Pourquoi les rencontres de Saint-Denis n’auront rien à voir avec les précédentes (photo d’illustration d’Emmanuel Macron prise en octobre 2023)
BENOIT TESSIER / AFP Pourquoi les rencontres de Saint-Denis n’auront rien à voir avec les précédentes (photo d’illustration d’Emmanuel Macron prise en octobre 2023)

POLITIQUE - Seul-Saint-Denis. Le président de la République convie les forces politiques du pays à Saint-Denis ce vendredi 17 novembre, pour une nouvelle « réunion de travail », selon ses mots, sur plusieurs grands thèmes ou priorités pour la nation. Un rendez-vous qui n’a pas grand-chose à voir avec les précédents.

Placée sous le signe d’une « initiative politique d’ampleur », la première rencontre sous ce format s’était soldée, fin août, par une relative réussite pour le locataire de l’Élysée. L’ensemble des partis politiques représentés au Parlement, opposition y compris, avait joué le jeu et participé aux nombreuses heures de discussion dans l’ancienne abbaye royale dionysienne.

Trois mois plus tard, et malgré un menu chargé qui permettra d’aborder l’élargissement du champ du référendum aux questions de société (comme l’immigration), ou la facilitation du référendum d’initiative partagée (RIP), la portée politique de ce nouvel épisode risque d’être moindre ce vendredi. Ceci, en raison, principalement, des absents.

Le LR et le PS manquent à l’appel (et à Macron)

Car contrairement aux deux premières éditions, le 28 août, puis le 12 octobre et un rendez-vous consacré exclusivement à la crise au Proche-Orient, certains représentants manquent à l’appel pour ce troisième rendez-vous. Et non des moindres.

La France insoumise, la troisième force représentée à l’Assemblée nationale, derrière Renaissance et le Rassemblement national, n’en est pas. Manuel Bompard, son coordinateur national s’est rapidement élevé contre ces « exercices monarchiques » qui « visent à contourner le débat organisé dans ses formes constitutionnelles », au Parlement notamment. Mais ce n’est pas tout.

Le Parti socialiste et Les Républicains, les deux formations historiques de la sphère politique, sont également absentes. Olivier Faure pour les roses a usé des mêmes arguments que son collègue insoumis, expliquant ne pas vouloir participer à l’exercice qui « laisse penser qu’il y aurait une forme de nouveau cénacle », « avec quelques happy few privilégiés qui auraient la chance de parler avec le chef de l’État. »

À droite, Éric Ciotti a pour sa part invoqué l’absence d’Emmanuel Macron à la marche contre l’antisémitisme pour justifier son boycott des rencontres de Saint-Denis.

Il s’agit, quels que soient les motifs invoqués, d’une mauvaise nouvelle pour le président de la République, désireux de s’appuyer sur ce nouvel outil, après les CNR, ou la Convention citoyenne, pour donner corps à sa quête d’unité et de consensus. Et pour entretenir la flamme de l’action réformiste, malgré la majorité relative qui le contraint au Parlement.

Des nouveaux qui ne feront pas oublier les absents

Son agacement était palpable, mercredi, depuis la Suisse où il débutait une visite officielle de deux jours. Le chef de l’État s’en est pris vertement aux partis de gouvernement « qui ont eu pendant des décennies à gouverner la France » et qui refusent aujourd’hui « de discuter des sujets essentiels de la vie de la nation. » C’est, selon Emmanuel Macron, une « faute majeure », doublée pour Éric Ciotti d’un motif d’absence « indigne. » Rien de moins.

Dans son sillage, nombreux responsables du camp présidentiel regrettent à haute voix l’absence de ces représentants de l’opposition. « Je pense que c’est une erreur », expliquait ainsi le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, jadis chez Les Républicains, mercredi sur RTL. « Ils ont tort de ne pas être présents, le seul gain est pour le RN », renchérit une de ses collègues au gouvernement auprès du HuffPost, pour qui les absents « auraient pu peser sur l’ordre du jour. »

D’autant plus que les dirigeants conviés pour la première fois à ce grand raout, à l’image de Guillaume Lacroix du Parti Radical de Gauche, ne sont pas de nature - par leur poids politique - à faire oublier ceux qui pratiquent la chaise vide.

Dans ces conditions, quel est l’intérêt de discuter référendum sur l’immigration sans leur principal promoteur, les Républicains ? À quoi bon aborder la question de l’évolution du RIP sans deux forces politiques qui plaident pour davantage de démocratie participative, le Parti socialiste et les Insoumis ? Trois formations vous manquent, et l’initiative d’ampleur s’en retrouve bien dénaturée.

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