Quand Renaud Van Ruymbeke dénonçait « les dérives » du Parquet national financier

Le juge Renaud Van Ruymbeke arrivant à la section des crimes financiers du tribunal de Paris, le 5 octobre 2011, pour une audience avec le Franco-Libanais Ziad Takieddine, alors accusé de fraude et de corruption dans le volet financier de « l'affaire Karachi ».  - Credit:Mousse / Mousse/ABACA
Le juge Renaud Van Ruymbeke arrivant à la section des crimes financiers du tribunal de Paris, le 5 octobre 2011, pour une audience avec le Franco-Libanais Ziad Takieddine, alors accusé de fraude et de corruption dans le volet financier de « l'affaire Karachi ». - Credit:Mousse / Mousse/ABACA

ll avait refusé de renvoyer Nicolas Sarkozy en correctionnelle dans l'affaire Bygmalion (pour laquelle l'ancien président a été condamné le 14 février en appel à un an d'emprisonnement, dont six mois avec sursis), laissant à son confrère Serge Tournaire le soin de signer, seul, l'ordonnance qui avait valu à l'ex-chef de l'État de comparaître pour « financement illégal de campagne électorale », aux côtés de treize autres prévenus.

Le juge d'instruction Renaud Van Ruymbeke, disparu ce vendredi 10 mai, était trop respectueux de l'institution qu'il avait servie durant quarante-deux ans pour s'étendre publiquement sur son désaccord avec le juge Tournaire, avec lequel il avait travaillé en binôme sur ce dossier brûlant – et qui les avait conduits à se brouiller définitivement. Nous recevant pour la sortie de ses mémoires, en 2021 (Mémoires d'un juge trop indépendant, éditions Tallandier), « VR », comme on le surnommait jusqu'à sa retraite en juin 2019, s'était contenté de ce commentaire laconique : « Je ne veux pas interférer avec le cours normal de la justice. Je dirai simplement que c'est un devoir de ne pas signer quand on n'est pas d'accord. »

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Toute l'éthique du juge Van Ruymbeke tenait dans ce refus d'associer son nom à une décision qu'il ne partageait pas, quitte à se voir reprocher par ses pairs de manquer à son « devoir de solidarité judiciaire » (lui préfère parler de « corporatism [...] Lire la suite