Rembourser la cigarette électronique pour aider à arrêter de fumer, une bonne idée?

Photo d'illustration (Photo by Roberto Pfeil/picture alliance via Getty Images)
Photo d'illustration (Photo by Roberto Pfeil/picture alliance via Getty Images)

L'idée a été évoquée par le ministre de la Santé, François Braun, qui envisage aussi d'autoriser la prescription de substituts nicotiniques par les pharmaciens.

Les e-cigarettes bientôt remboursées ? C'est la proposition avancée dimanche par le ministre de la Santé, François Braun, pour aider les fumeurs à se passer de la cigarette, alors que leur nombre ne baisse plus selon une dernière étude de Santé Publique France, après des années de recul.

Plus d'un tiers des Français fument, et un quart d'entre eux allument une cigarette tous les jours. Pour tenter de relancer la baisse et alors qu'Emmanuel Macron "souhaite que la génération qui aura 20 ans en 2030 soit la première génération sans tabac", la e-cigarette pourrait avoir un rôle clé pour parvenir à cet objectif.

"Un élément intéressant"

François Braun envisage d’autoriser la prescription, par les médecins, mais aussi directement par les pharmaciens, de e-cigarettes comme produits de "substitution nicotinique", qui ont aujourd'hui la forme de patchs ou de gommes, pastilles, comprimés, inhaleurs ou sprays buccaux, qui libèrent de la nicotine.

"Le remboursement peut être un élément intéressant en terme de sevrage, car la e-cigarette est un outil de sevrage, c'est largement reconnu par la littérature scientifique", salue le professeur Loïc Josseran, président d'Alliance contre le tabac.

"Attention à ne pas passer d'une addiction à une autre"

Aujourd'hui, les substituts nicotiniques sont remboursés à 65 % par l’Assurance Maladie, le reste à charge pouvant être au compte de certaines mutuelles. Mais attention, met en garde le professeur "il ne faut pas que ce soit la porte ouverte à la vape récréative, le but n'est pas de passer d'une addiction à une autre. Il faut que ce dispositif limite le nombre de parfums pour se concentrer sur l'objectif : le sevrage du fumeur. Pour cela, il faut que ce soit cadré par les pharmaciens", ajoute Loïc Josseran.

En 2019, une estimation de Santé publique France révélait que la e-cigarette avait aidé quelque 700 000 fumeurs quotidiens à mettre un terme à leur dépendance.

"Il faut surtout éviter aux jeunes d'entrer dans le tabac"

Mais si c'est une idée qui est saluée par les professionnels de santé, "c'est une mesure qui ne changera pas radicalement le nombre de fumeurs en France. C'est un outil supplémentaire, mais ce n'est pas la solution ultime du sevrage, car il y a autant de manière de s'arrêter que de fumeurs", martèle le président d'Alliance contre le tabac.

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Si la volonté de s'atteler à réduire le nombre de fumeurs est saluée par les professionnels de santé, ce n'est pas forcément la priorité du moment, alertent-ils. "Oui, il faut aider les gens à arrêter de fumer, mais il faut surtout ne pas faire entrer dans le tabac. Donc attention au vapotage récréatif qui peut être une porte d'entrée dans le tabac, attention aux puffs... On est en train de vider la piscine avec une petite cuillère quand les professionnels du tabac la remplacent avec une lance à incendie avec de nouveaux produits", alerte le professeur Loïc Josseran.

La décision quant au remboursement des cigarettes électroniques est "sur la table dans le cadre du prochain plan anti-tabac" du gouvernement, prévu sur la période 2023-2028, a précisé le ministre de la Santé, François Braun.

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