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La reine Elizabeth est morte de « vieillesse » mais qu’est-ce que ça signifie ?

EDINBURGH, SCOTLAND - JUNE 28: Queen Elizabeth II attends an Armed Forces Act of Loyalty Parade at the Palace of Holyroodhouse on June 28, 2022 in Edinburgh, United Kingdom. Members of the Royal Family are spending a Royal Week in Scotland, carrying out a number of engagements between Monday June 27 and Friday July 01, 2022. (Photo by Jeff J Mitchell/Getty Images)

Jeff J Mitchell / Getty Images

La reine Elizabeth II, le 28 juin 2022 (Photo by Jeff J Mitchell/Getty Images)

REINE ELIZABETH - Cela fait désormais trois semaines que le Royaume-Uni s’est figé, quand il apprenait, le 8 septembre, le décès de sa souveraine, la reine Elizabeth II. On disait alors de la monarque qu’elle était partie « paisiblement » dans sa résidence de Balmoral. Ce jeudi 29 septembre, un document publié par les Archives nationales d’Écosse donne la cause exacte de sa mort à l’âge de 96 ans : selon ce certificat de vieillesse, la mère du roi Charles III est morte, à 15 h 10, de « vieillesse ».

Mais concrètement qu’est-ce que cela signifie ? Peut-on vraiment mourir de vieillesse ? En fait, pas réellement. En 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié la liste des principales causes de mortalité dans le monde, et la vieillesse n’y figure pas. On y retrouve en premier les maladies cardiaques ainsi quei le cancer, le diabète, la maladie d’Alzheimer ou encore la pneumonie, mais jamais la vieillesse.

Une image plus qu’une réalité

Et pour cause : « On dit qu’on meurt de vieillesse mais en réalité, je n’ai jamais vu personne mourir de vieillesse », expliquait à Allo Docteur le Dr Christophe Trivalle, gériatre à l’hôpital Paul-Brousse (AP-HP), au lendemain du décès de la reine. « L’image de piles qui sont déchargées, à la fin de la vie d’une personne et qui expliquerait son décès est complètement fausse », poursuit-il.

Même son de cloche du côté de la chercheuse en thanatologie, Juliette Cazes, contactée par Slate : « C’est un peu le vieux fantasme de la mort dans son sommeil au chaud dans son lit (...) Dans les faits, on a plein de façons différentes de mourir de vieillesse, sans oublier les maladies qui n’ont jamais été détectées. Ça fait partie des sujets mystérieux autour de la mort qui n’ont pas de bonne réponse ».

Mais alors, de quoi meurt une personne quand elle meurt de vieillesse ? Le docteur Trivalle envisage deux scénarios : soit elle meurt de manière « attendue », lorsque sa santé décline progressivement, soit de manière « subite », lorsqu’il n’y a aucun signe avant-coureur. « Une mort subite peut survenir à tout âge. Si une personne âgée était active la veille et qu’elle est décédée le lendemain, c’est une mort subite ». Au contraire, avec une mort « attendue », elle « présente des signes cliniques, ou bien des syndromes de glissement : lorsqu’une personne âgée devient très faible, reste au lit, ne s’alimente plus ». On dit alors qu’elle « se laisse mourir ».

Une ou plusieurs pathologies

Derrière une mort de « vieillesse », on a en fait souvent une ou plusieurs pathologies. « Mourir de vieillesse, ça veut un peu tout et rien dire. Derrière, on a bien souvent des causes uniques ou polypathologiques », ajoute Juliette Cazes.

Une étude réalisée par une équipe du King’s College de Londres, publiée en 2014 dans la revue PLOS Medicine, s’intéressait à ce titre aux causes de décès des personnes âgées, en l’occurrence des centenaires. Parmi les plus de 35 000 certificats de décès étudiés, mourir de vieillesse concernait 28 % des personnes. Dans 9 % des cas, il s’agissait d’une attaque cérébrale, et dans 8,6 % des cas d’une maladie cardiovasculaire.

Mais l’âge est un état, pas une maladie. Si on retrouve la vieillesse parmi les causes de nombreux certificats de décès, comme ont pu le constater ces chercheurs, c’est en fait parce que les médecins eux-mêmes ne connaissent pas la cause précise du décès, ou alors qu’il en existe plusieurs et qu’il est difficile de savoir véritablement laquelle a entraîné la mort de la personne. C’est ce qu’explique le docteur en gériatrie Tuly Rosenfeld, pour ABC. « Dans de nombreux cas, le certificat de décès ne dira que la cause la plus probable du décès sans nécessairement avoir une cause de décès spécifique ou post-mortem prouvée », explique-t-il.

Vous l’aurez compris, le certificat de décès ne permettra pas d’en savoir plus sur les circonstances du décès de la reine Elizabeth. Le plus important résidant peut-être dans le fait qu’elle soit partie « paisiblement ».

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