Un regard de Budapest

Emmanuel Macron et Viktor Orban lors d'un sommet européen le 21 mars 2024 à Bruxelles.  - Credit:Geert Vanden Wijngaert/AP/SIPA / SIPA / Geert Vanden Wijngaert/AP/SIPA
Emmanuel Macron et Viktor Orban lors d'un sommet européen le 21 mars 2024 à Bruxelles. - Credit:Geert Vanden Wijngaert/AP/SIPA / SIPA / Geert Vanden Wijngaert/AP/SIPA

Nous sommes allés interviewer Viktor Orban à Budapest, dans le Couvent des Carmélites, qui abrite le siège de son cabinet. Dans sa bibliothèque parsemée de livres français, on trouve l'intégralité des discours d'Adolphe Thiers à l'Assemblée nationale, les écrits de Renan, de Guizot (ancien ministre de l'Europe et des Affaires étrangères)… Une série en cinq tomes sur « la civilisation en France », ainsi qu'une « Promenade en Amérique » de Jean-Jacques Ampère, écrivain et historien du XIXe siècle. Des éditions originales que nous étions un peu surpris, avec mon collègue Charles Sapin, de retrouver en ce lieu. Comme une petite France des idées à 1 500 kilomètres de Paris. Est-ce volontaire de la part du Premier ministre hongrois de nous laisser effleurer du doigt ces incunables, témoins d'une Europe qui s'est construite, d'abord, par les échanges, les idées, les artistes bien avant l'Union européenne, cette hydre technocratique que Viktor Orban ne cesse de dénoncer ? À deux semaines des européennes, le Premier ministre hongrois avait un message à faire passer : ces élections, mésestimées la plupart du temps, seraient relues, dans dix ans, comme « celles qui ont décidé de la paix ou de la guerre en Europe ». Il appelle ses partenaires à chiffrer le coût de la victoire, à définir une stratégie et à ne pas faire aux Ukrainiens les fausses promesses d'adhésion que naguère l'Europe a faite aux Turcs.

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