"Un coup de pression méprisant et infantilisant", la réforme de l’assurance chômage suscite la colère des associations de chômeurs
Avec la nouvelle réforme, quand le chômage sera inférieur à 9% et qu'il n'aura pas significativement augmenté les trois derniers mois, la durée d'indemnisation sera réduite de 25%. Un durcissement critiqué par les associations de chômeurs.
Une météo de l'emploi pour définir la durée d'indemnisation des chômeurs. C'est le sens de la nouvelle réforme présentée par le ministre du Travail Olivier Dussopt, mais qui inquiète les représentants des chômeurs.
À partir du 1er février, lorsque le taux de chômage sera inférieur à 9%, et qu'il n'aura pas augmenté de plus de 0,8 point sur un trimestre, la situation sera considérée comme bonne, et entrainera une baisse de 25% de la durée d'indemnisation des nouveaux chômeurs, avec une durée qui ne pourra pas être inférieure à six mois.
"Un coup de pression méprisant et infantilisant"
À l'inverse, lorsque la situation ne sera pas considérée comme bonne, la durée d'indemnisation sera celle que l'on connaissait jusqu'à présent. Les premiers effets seront donc perceptibles pour les demandeurs d'emploi six mois après l'entrée en vigueur de la réforme, au 1er août prochain.
"C'est un coup de pression infantilisant et méprisant envers les demandeurs d'emploi. On veut faire croire qu'en baissant leur période d'indemnisation ça va les motiver à se remettre au travail, comme s'ils vivaient dans leur petit confort avec l'indemnisation qu'ils touchent", lance Valentine Maillochon, l'une des porte-parole du Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP).
"Les demandeurs d'emploi vont revoir à la baisse leurs critères"
Entre 390 000 et 690 000 personnes ne demandent pas d'allocation chômage alors qu'elles y ont droit, soit de 25% à 42% de taux de non-recours, essentiellement chez les plus précaires, selon des chiffres communiqués au Parlement par le gouvernement.
Avec cette réforme, redoute la présidente de l'association Solidarités nouvelles face au chômage, "les demandeurs d'emploi voyant la perspective de leurs ressources diminuer, vont revoir à la baisse leurs critères, prendre dans certains cas des emplois qui ne correspondent pas à leurs prétentions salariales, des emplois sous qualifiés ou en dehors de leur zone de compétence, plutôt que d'avoir recours aux minima sociaux", nous explique Nathalie Hanet.
Les seniors particulièrement touchés ?
"Si on fait des études, c'est pour pouvoir choisir son métier. En forçant comme cela les gens à prendre le premier travail disponible, on se rapproche du travail forcé. Dans les secteurs qui peinent à recruter, il y a de la pénibilité, que les salaires ne compensent pas, et il faut des qualifications. Ce n'est pas une histoire de feignantise", complète la porte-parole du MNCP.
Parmi les craintes des spécialistes, les conséquences pour les seniors. Si la limite d'indemnisation est de deux ans pour les salariés, en cas de perte d'emploi à 53 et 54 ans, la durée est allongée à deux ans et 6 mois, et à trois ans à partir de 55 ans. "La réforme va réduire de 9 mois au maximum leur durée d'indemnisation pour les 55 ans et plus. Ces personnes vont encore plus être exposées au recours aux minimas sociaux pour faire la jonction avec leurs droits à la retraite, en raison des difficultés à trouver un emploi en étant senior", alerte Nathalie Hanet.
Une inquiétude partagée par les syndicats de salariés dont la CGT. Selon l'OCDE, 56,8% des 55-64 ans sont en emploi en France, ce qui place l'Hexagone sous la moyenne européenne. À titre de comparaison, en Suède, 77% des 55-64 ans ont un emploi.
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