Recul des troupes irakiennes dans Mossoul face à Daech

Des soldats de l'armée gouvernementale irakienne ont dû se retirer d'un hôpital de Mossoul qu'ils venaient d'occuper, cette semaine, face à une contre-offensive menée par les djihadistes de l'organisation Etat islamique (EI). /Photo prise le 6 décembre 2016/REUTERS/Ahmed Jadallah

BAGDAD (Reuters) - Des soldats de l'armée gouvernementale irakienne ont dû se retirer d'un hôpital de Mossoul qu'ils venaient d'occuper, cette semaine, face à une contre-offensive menée par les djihadistes de l'organisation Etat islamique (EI). A la faveur d'un assaut lancé par l'armée mardi dans le sud-est de la ville, des troupes avaient pénétré dans l'hôpital Salam, que l'EI utilisait comme base militaire, à 1,5 km du Tigre, qui coupe le centre de la métropole du nord de l'Irak. Ces troupes ont essuyé mercredi "un important tir ennemi", à la mitrailleuse et au lance-grenades, et ont été la cible de six voitures piégées, dit un communiqué de la coalition sous commandement américain qui aide les forces de Bagdad a reconquérir Mossoul. L'offensive a été lancée le 17 octobre et quelque 100.000 hommes y participent. L'offensive-éclair de mardi dans le quartier de Wahda tranchait avec la tactique systématiquement employée depuis plus d'un mois dans la ville par l'armée irakienne, des combats lents et épuisants, rue par rue, immeuble par immeuble. Cette nouvelle méthode a toutefois exposé les soldats gouvernementaux de la 9e division blindée. Selon l'agence de presse Amaq, organe de l'EI, certains d'entre eux ont été encerclés. "L'ENFER" "Quand on est entrés dans Wahda, Daech a d'abord opposé peu de résistance et on pensait qu'ils (les djihadistes) avaient fui", a raconté un officier joint jeudi au téléphone. "Mais une fois dans l'hôpital, ça a été l'enfer". "Ils ont commencé à attaquer de partout à côté de l'hôpital, à tous les coins de rue, dans chaque maison". D'après lui, les djihadistes ont sans doute utilisé un tunnel qui débouchait dans l'enceinte de l'hôpital. Puis il y a eu des attaques suicides. Des kamikazes surgissaient de nulle part et "étaient comme des fantômes". Un habitant de Wahda a rapporté jeudi que des chars de l'armée avaient constitué une sorte de base dans le quartier après trois jours d'intenses combats. Une infirmière de l'hôpital a raconté qu'à l'approche de l'armée mardi, les djihadistes avaient évacué les blessés, au nombre desquels figuraient des officiers de Daech. Le personnel et les blessés civils se sont alors réfugiés au sous-sol. Un vétéran de la guerre Irak-Iran des années 1980, dont la maison se trouve à 200 mètres de là, dit n'avoir jamais vu des combats d'une telle intensité. "C'était vraiment très violent (...) ils ont utilisé toutes sortes d'armes, mais ce n'était pas comme une guerre traditionnelle, il y avait des explosifs, des kamikazes, des tirs de mortier, des avions, tout quoi", a-t-il dit par téléphone. L'officier, qui s'exprimait sous le sceau de l'anonymat, a fait état d'un bilan de 20 morts côté gouvernemental et d'une vingtaine de véhicules blindés détruits ou endommagés. L'agence Amaq a rapporté mercredi qu'un kamikaze s'était fait exploser près de l'hôpital, tuant 20 soldats. L'armée irakienne a dit peu de choses officiellement sur la situation dans le quartier de Wahda et à l'hôpital lui-même. DES CIVILS BOMBARDÉS ? Ailleurs en Irak, des dizaines de personnes, en majorité des civils, ont été tuées mercredi lors d'un bombardement aérien sur la ville de Qaïm, localité de la province d'Anbar tenue par l'EI, à 280 km au sud-ouest de Mossoul, a-t-on appris auprès de parlementaires et dans les milieux hospitaliers. Au nombre des victimes, figurent 12 femmes et 19 enfants. L'armée irakienne a fait état d'un bombardement de son aviation "sur un repaire de terroristes" dans ce secteur mercredi à la mi-journée. Une cinquantaine de "terroristes" ont été tués, ajoute-t-elle dans un communiqué sans évoquer de victimes parmi la population civile, en majorité sunnite. Le président du Parlement, Salim al Djabouri, plus haut dirigeant sunnite du pays, a demandé jeudi l'ouverture d'une enquête officielle sur ces bombardements et exigé que les auteurs de ces "erreurs" soient punis. Le commandement de l'armée irakienne a pour sa part estimé que les informations en provenance de Qaïm rapportées par la presse et certains hommes politiques relevaient de la "fabrication", rappelant que la ville est contrôlée par l'EI. L'agence Amaq a publié des images vidéo qu'elle dit être de Qaïm. On y voit des véhicules en flammes dans une grande rue bordée de commerces, des corps calcinés ou en sang, dont ceux d'enfants. Plusieurs bâtiments sont fortement endommagés. (Ahmed Rasheed et Saïf Hameed, Gilles Trequesser pour le service français)