Record de migrants morts en Méditerranée : les chiffres pour comprendre la tragédie

Les naufrages se multiplient ces dernières semaines au large de l’île italienne de Lampedusa, notamment à cause des conditions météorologiques et des embarcations sommaires.

Quelques-uns des 266 migrants traversant la Méditerranée sur de petites embarcations avant d'être secourus par des membres de l'ONG espagnole Proactiva Open Arms (R) au large des côtes libyennes, le 3 août 2023. (Photo de Matias CHIOFALO / AFP)
Quelques-uns des 266 migrants traversant la Méditerranée sur de petites embarcations avant d'être secourus par des membres de l'ONG espagnole Proactiva Open Arms (R) au large des côtes libyennes, le 3 août 2023. (Photo de Matias CHIOFALO / AFP)

Le nombre de migrants morts en mer Méditerranée ne cesse d’augmenter. Dimanche dernier, une femme enceinte et un jeune enfant sont morts alors que deux bateaux transportant des dizaines de migrants ont coulé au large de l'île italienne de Lampedusa, déplore l'Unicef. Une trentaine de migrants sont toujours portés disparus. Ce mercredi, l’Organisation des Nations Unies (ONU) a ajouté que 41 personnes, dont trois enfants, sont également portées disparues après le naufrage d’une embarcation partie de Sfax, en Tunisie, entre le jeudi 3 et le vendredi 4 août. Au total, 45 migrants se trouvaient à son bord, selon les témoignages de quatre survivants.

1800 morts depuis le début de l’année 2023

“Nous en sommes déjà à plus de 1800 morts depuis le début de cette année. Des chiffres bien supérieurs aux pires années que l'on a pu connaître. On est vraiment face à une crise humanitaire aiguë", alerte Fabienne Lassalle, directrice générale adjointe de l'association SOS Méditerranée, au micro de TF1. L'ONU, qui tient le compte, estime que le nombre de décès observé sur la route migratoire la plus meurtrière du monde, en Méditerranée centrale, a doublé depuis l’année dernière à la même période.

Au total, plus de 20 000 décès ont été enregistrés en Méditerranée depuis 2014. À cela s'ajoutent les naufrages "invisibles", ceux où les bateaux sont portés disparus et pour lesquels il n'y a aucune trace de survivants, de corps ou d'opérations de recherche et de sauvetage en cours. "Il est très probable qu'il y ait beaucoup plus de naufrages que ceux dont nous avons connaissance, c'est cela ma vraie crainte", a précisé mercredi l'attaché de presse de l'OIM en Italie, Flavio Di Giacomo, à l'AFP.

Le premier trimestre 2023 avait déjà enregistré un record de décès depuis 2017. Entre janvier et mars, 441 personnes ont perdu la vie en tentant de traverser la Méditerranée pour rejoindre l’Europe. La fragilité des bateaux combinée aux conditions météorologiques difficiles inhérentes à la Méditerranée ne laissent que très peu de chance de survie aux migrants. Dans un communiqué commun, les agences des Nations unies pour les réfugiés (HCR), l'enfance (Unicef) et les migrations (OIM) dénoncent "le manque absolu de scrupules des trafiquants qui exposent les migrants et les réfugiés à des risques très élevés de morts en mer".

Au mois d’avril, l’OIM pointait aussi "les retards dans les opérations de sauvetage menées par les États", voire 'l’absence totale d’intervention"."Sauver des vies en mer est une obligation légale pour les États", rappelait le Directeur général de l'OIM, António Vitorino. Les ONG demandent aux États de renforcer "les mécanismes coordonnés de recherche et de secours" et d'augmenter "les ressources et les capacités pour efficacement faire face à leurs responsabilités".

Entre le 1er janvier et le 22 juin 2023, l'Italie a comptabilisé 58 782 arrivées sur ses côtes, soit presque deux fois plus que l'année précédente. Pour tenter d’endiguer le phénomène, la cheffe du gouvernement italien, Georgia Meloni a œuvré en faveur d’un accord politique conclu entre l’Union européenne et la Tunisie, le 16 juillet, conditionnant une aide économique de Bruxelles à des réformes et à une coopération plus efficace sur les migrations. Les ONG, méfiantes, accusent la Tunisie de violations des droits de l’homme dans leur traitement des migrants. Depuis le début de l'été, la tension est montée d'un cran dans la région où les Subsahariens ne sont plus les bienvenus, et sont même chassés.

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