La recherche française ne veut plus se faire racketter

Des médecins-chercheurs au CHU de Montpellier. Toute la recherche est productrice et consommatrice de publications. Le secteur représente des milliards d'euros à l'échelle mondiale. [Photo via MaxPPP]  - Credit:Guillaume Bonnefont/MaxPPP/IP3 Press/MaxPPP
Des médecins-chercheurs au CHU de Montpellier. Toute la recherche est productrice et consommatrice de publications. Le secteur représente des milliards d'euros à l'échelle mondiale. [Photo via MaxPPP] - Credit:Guillaume Bonnefont/MaxPPP/IP3 Press/MaxPPP

Longtemps, ils se sont couchés de bonne heure. Le jeu était trop inégal, les universitaires français devaient plier. Les éditeurs scientifiques dictaient leurs conditions. Le modèle économique de ce secteur ne ressemble à aucun autre. Pour une fiction ou un essai, l'éditeur verse des droits à l'auteur, très variables. Il vend ensuite le livre au public, pour une somme en général modique. En matière de publication scientifique, la communauté des chercheurs paye pour se faire publier, et dans le pire des cas, paye ensuite pour lire ses propres études.

Comment des bac + 12 acceptent-ils des conditions aussi iniques ? C'est simple. Les chercheurs se sont piégés eux-mêmes. Ils ont assis leur crédit sur un indicateur dangereusement équivoque, la publication. « Publish or perish » (« publier ou mourir »), telle est la loi d'airain d'un secteur à la fois irrigué par l'argent public et terriblement concurrentiel.

Chaque laboratoire, pour exister, doit publier. Le classement annuel de l'université de Shanghai, qui situe chaque établissement dans la hiérarchie mondiale de l'enseignement, prend en compte, pour 20 % de la note finale, le nombre de publications réalisées dans l'année. Toutes les revues, bien entendu, ne se valent pas. Le spectre va des très prestigieuses publications comme Nature, Science, Cell, ChemicalsReview ou The Lancet, jusqu'aux obscurs périodiques édités dans des pays exotiques. Pour être pris au sérieux, le comité de relecture et de validation [...] Lire la suite