En RDC, la santé mentale à l’épreuve de la violence endémique

C’est le plus grand centre de santé consacré aux maladies mentales en Afrique, et El País lui consacre un long reportage. Le centre de santé mentale Télema, situé dans le quartier Kintambo, à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC), soigne plus de 40 000 personnes par an, indique le quotidien espagnol.

Dans ce havre de paix au milieu d’un pays agité, tout est fait pour que “la personne qui souffre d’une maladie mentale retrouve sa dignité”. Outre un travail thérapeutique, Télema œuvre à la réintégration du patient dans sa famille ou dans une famille d’accueil.

Le reportage décrit ainsi la forte présence, “surprenante” même, de personnes visiblement atteintes de maladies psychiques dans les rues de Kinshasa. La situation économique et politique du pays peut expliquer ce phénomène répandu : extrême pauvreté, exode massif des populations rurales vers les villes, désorganisation familiale, insécurité politique liée aux différents mouvements rebelles, autant de “circonstances qui facilitent le développement des troubles mentaux”, rappelle le quotidien ibérique.

Sorcellerie

À ces conditions matérielles s’ajoute “un arrière-plan d’ignorance, qui devient un terreau idéal pour les superstitions”.

Un travail de “sensibilisation” à la pathologie mentale est d’ailleurs mené par le centre Télema. Car, détaille El País, en RDC, et plus largement en Afrique, la maladie mentale reste “stigmatisée”. Les troubles mentaux “sont attribués à la sorcellerie, et on pense que ceux qui en souffrent sont possédés par un esprit maléfique qui peut nuire à leurs proches”.

Conséquence dramatique, les malades sont parfois chassés par leurs proches, errant dans les rues et laissés totalement à l’abandon, “le regard perdu au milieu de l’indifférence des foules”.

Le sort des femmes est encore plus tragique. Selon l’enquête d’El País, la maladie mentale touche beaucoup plus les femmes en raison de la violence structurelle à leur encontre, qui traverse tous les domaines de leur vie. Les femmes supportent une lourde charge familiale et professionnelle, mais aussi un système social complexe, avec un enchevêtrement inextricable de croyances et de coutumes. Dans un pays où le viol a été érigé en arme de guerre, celui-ci signifie pour elles la répudiation et l’errance dans les rues congolaises. Pour peu qu’elles aient des enfants, au problème de santé mentale de la mère s’ajoute alors celui de leur survie.

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