RATP, SNCF, écoles… À quoi s’attendre pour la grève du 19 janvier contre la réforme des retraites ?

Commuters get into a bus near the Gare Montparnasse railway station during a strike in Paris on November 10, 2022. - Seven lines of the Paris metro will be completely closed and seven others only open during rush hour due to a strike on November 10, 2022, to demand wage increases and improved working conditions, the RATP said on November 8. European workers squeezed by the soaring cost of living went on strike in Belgium and Greece on November 9, with stoppages threatening to paralyse parts of Britain, France and Spain in coming days. (Photo by Alain JOCARD / AFP)

De la santé à l’éducation en passant par l’énergie, les perturbations s’annoncent importantes et la mobilisation massive contre la réforme d’Élisabeth Borne. Les prévisions de circulation dans les transports sont attendues ce mardi.

RETRAITES - Vers un « jeudi noir » contre une réforme controversée. La promesse des organisations syndicales « d’une puissante mobilisation dans la durée » contre la réforme des retraites et le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans connaîtra son premier acte ce jeudi 19 janvier dans la rue et dans les entreprises.

« Ce sera une très très forte mobilisation. Il faut que ce soit du niveau de 1995, même de 2010 », a déclaré dimanche 15 janvier sur France 3 le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, citant le « nombre de cars commandés pour aller aux manifestations », les « préavis de grève déposés depuis longtemps » dans les services publics et les transports, et les nombreux salariés « qui nous appellent pour nous demander comment on fait grève ». Le responsable syndical a d’ailleurs repris à son compte l’objectif symbolique de 1 million de manifestants dans l’Hexagone proposé par Fabien Roussel.

Le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a pour sa part constaté « depuis presque une semaine la montée de mécontentements dans tous les secteurs professionnels, particulièrement dans les secteurs les plus impactés » par la réforme des retraites, comme il l’a confié lundi 16 janvier au micro de franceinfo. Les syndicats ont recensé au moins « 200 points de rassemblement » en France ce jeudi, selon Céline Verzeletti, secrétaire confédérale CGT. « Il va y en avoir d’autres, c’est un bon chiffre », a-t-elle ajouté.

De fait, l’appel massif à la grève de l’ensemble des centrales syndicales (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, Solidaires, FSU) devrait ainsi se traduire par des mouvements au sein des secteurs des transports, de l’énergie, de l’éducation ou de la santé.

Un défi de taille pour le gouvernement, qui appelle déjà certains secteurs à éviter la mobilisation afin de « ne pas pénaliser les Français ». Dans le viseur des autorités, on retrouve notamment la branche pétrole, où les syndicats ont relayé l’appel à la grève et se projettent déjà au-delà de la journée de mobilisation nationale.

On fait le point sur les perturbations attendues ce jeudi.

SNCF et RATP, même combat

Du côté de la SNCF comme de la RATP, les syndicats ont fait part de leur détermination pour la journée du 19 janvier. À la SNCF, les préavis sont unitaires. L’intersyndicale CGT-Unsa-Sud-CFDT a déposé un préavis de grève courant de ce mercredi à 19h au vendredi matin à 8h. Les syndicats étudient par ailleurs « des modalités d’action allant au-delà de 24h après la journée du 19 janvier ». En clair : la reconduction de la grève.

À la RATP, où 40 000 salariés sont soumis au régime spécial de retraite que le gouvernement entend réformer, les quatre syndicats représentatifs (CGT, CGC, FO et Unsa) ont appelé – séparément – à une « journée de mobilisation » pour le 19 janvier. Les prévisions de trafic dans les transports publics franciliens sont attendues ce mardi matin, souligne Le Parisien. Elles devraient augurer une journée noire, les syndicats ayant affiché leur objectif d’une journée « zéro transport ».

D’autres fédérations appellent elles aussi à la mobilisation. FO-Transports et logistique, qui rassemble les routiers, les ambulanciers, les chauffeurs de car ou les transporteurs de fonds, veut aussi aller « au bout du possible dans ce combat ». À ce titre, la fédération souhaite lancer un mouvement « en illimité » à partir du 19 janvier pour préparer « la riposte massive et dure ».

Le transport aérien impacté

Du côté des aéroports, des avions risquent de rester cloués au sol. S’il est trop tôt pour prédire l’ampleur de l’impact de la grève sur le trafic aérien, certains syndicats du secteur de l’aviation ont répondu présent à l’appel de l’intersyndicale.

C’est le cas d’un des syndicats de contrôleurs aériens, l’USAC-CGT, qui a d’ores et déjà déposé un préavis de grève. « L’USAC-CGT appelle les personnels DGAC (direction générale de l’aviation civile) à la grève dès la première journée d’action annoncée le 19 janvier par l’ensemble des centrales syndicales. Alors tous concernés, tous mobilisés », indique un de leur tract. Toutefois, le SCNTA, majoritaire chez les contrôleurs aériens, a annoncé ce lundi 16 janvier qu’il n’appelait pas à la grève ce jeudi.

Surtout, le SNPL, majoritaire chez les pilotes de ligne, a appelé à la grève ce jeudi, rapporte RTL.

De leur côté, les syndicats de personnel navigant commercial (PNC), qui regroupant les stewards et les hôtesses de l’air, ont aussi appelé leurs adhérents à se joindre à la grève, précise Le Parisien. Un mouvement qui sera particulièrement suivi au sein d’Air France, comme l’a indiqué à TF1 info Fabrice Michaud, représentant de la branche « transports » de la CGT.

Enfin, la mobilisation pourrait aussi toucher les aéroports français, comme cela avait été le cas en juin dernier à Paris-CDG et Marseille, avec un quart des vols annulés à l’époque, rappelle le titre spécialisé Air Journal.

Les raffineries en grève ?

Dans le secteur de l’énergie, la filière pétrole a d’ores et déjà fait savoir qu’elle se projetait au-delà du 19 janvier. Le syndicat CGT de la branche pétrole prévoit des grèves les 19 et 26 janvier pour une durée de 24 puis 48 heures, ainsi que le 6 février pour 72 heures. « L’arrêt des installations de raffinage » est envisagé, selon un communiqué diffusé par Éric Sellini, coordinateur national du syndicat pour TotalÉnergies.

De quoi entraîner des « baisses de débit » et des arrêts dans l’expédition des carburants, a confirmé Éric Sellini à l’AFP. De quoi rappeler des souvenirs, après la vaste mobilisation pour une augmentation des salaires qui a eu lieu dans les raffineries et les dépôts de pétrole en fin d’année 2022. Ce qui avait provoqué d’importantes difficultés d’approvisionnement pour les automobilistes, mais pas que.

Des pénuries un peu plus nombreuses que d’ordinaire étaient toutefois observées lundi matin, avec 3,75% des points de vente à court d’essence ou de gazole et jusqu’à 18% dans les Yvelines, signe d’une possible peur de manquer chez certains automobilistes.

« Des baisses de production d’électricité » sont aussi à prévoir, sans « aller jusqu’au blackout », a prévenu le leader de la FNME-CGT Sébastien Menesplier, évoquant de possibles « coupures » locales visant les élus « qui soutiennent la réforme ». « On travaille sur des actions régionales bien ciblées », confirme Franck Redondo, responsable FO à la centrale nucléaire de Gravelines (Nord).

L’éducation et la santé mobilisées

Comme en 2019, lors de la précédente réforme, le secteur de l’éducation devrait également suivre le mouvement, surtout du côté des enseignants. « Cette réforme va frapper de plein fouet l’ensemble des travailleurs et travailleuses, et notamment les personnels de l’éducation », souligne dans un communiqué une intersyndicale composée de la CGT, de FO, de la FSU, de la CFDT, du SNALC, de Sud et de l’Unsa.

La FSU, première fédération syndicale enseignante en France, avait déjà appelé à la grève pour ce mardi 17 janvier en faveur des salaires et des conditions de travail (et non contre la réforme des retraites). L’organisation « maintient le préavis de grève sur le 17 » mais précise qu’elle « ne fait pas de la grève la modalité principale de cette journée ».

Là encore, difficile de connaître l’ampleur exacte du mouvement – certains professeurs ont commencé à prévenir leurs élèves de leur absence le 19 –, mais les lycées professionnels donneront le ton. Au cœur d’une autre réforme controversée du gouvernement, les enseignants des lycées professionnels devraient répondre en nombre à l’appel à la mobilisation générale. De quoi provoquer des fermetures de classes, voire des fermetures complètes d’établissements.

Forte de nombreuses revendications, la santé pourrait également se joindre à la manifestation, d’autant plus que les réponses apportées par Emmanuel Macron ne semblent pas avoir convaincu à ce stade. Le mouvement pourrait toutefois avoir moins de répercussion que dans d’autres secteurs, puisque la fonction publique hospitalière est soumise à un service minimum.

Mobilisation massive dans la fonction publique

Dès le 11 janvier, l’ensemble des organisations syndicales de la fonction publique – CFDT, CFE-CGC, CGT, FA, FO, FSU, Solidaires, Unsa – ont appelé les agents publics à « s’inscrire massivement » dans la journée de grève. De quoi faire craindre des perturbations dans les services publics.

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