Rassemblement de l’ultradroite « pour Thomas » à Paris : Gérald Darmanin se dit « scandalisé »

Le rassemblement de membres de l’ultradroite devant le Panthéon, le 1er décembre.
GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP Le rassemblement de membres de l’ultradroite devant le Panthéon, le 1er décembre.

POLITIQUE - Gérald Darmanin « scandalisé ». Le ministre de l’Intérieur a exprimé sa colère dans la nuit du vendredi 1er au samedi 2 décembre à propos du rassemblement à Paris d’un groupuscule d’ultradroite, organisé après la mort de Thomas à Crépol, dans la Drôme. L’adolescent a été poignardé mortellement lors d’une fête de village il y a deux semaines.

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« Je suis scandalisé par la manifestation à Paris. Le préfet de police sur mon instruction l’avait interdite, la justice l’a autorisée », a réagi le ministre à la toute fin de l’examen en commission du projet de loi immigration. « Le gouvernement est évidemment défavorable à cette manifestation d’ultradroite », a-t-il insisté.

D’après le collectif parisien Les Natifs, à l’origine de la mobilisation, environ 200 personnes se sont rassemblées place du Panthéon. L’ancien membre du FN (devenu RN) Jean-Yves Le Gallou s’est notamment exprimé devant ces dizaines de personnes, surtout des jeunes selon les témoins, pour défendre « la liberté, sans laquelle il n’y a pas d’identité » et appeler à la « remigration », ont rapporté sur X (ex-Twitter) des journalistes de Libération et du Figaro.

Entre plusieurs prises de paroles violentes à l’égard des personnes mises en examen dans cette affaire, les personnes présentes ont scandé des slogans tels que « justice pour Thomas » et « Français, réveille-toi, tu es ici chez toi », a constaté une journaliste de l’AFP sur place.

Sur une photo prise par un photographe de l’AFP, que vous pouvez voir en tête d’article, des participants brandissent des drapeaux bleu blanc rouge, tandis que plusieurs autres personnes à l’arrière du groupe font un salut nazi.

Mélenchon reproche à Darmanin de n’avoir « rien fait »

« Comment se fait-il qu’il y ait dans notre pays des organisations qui puissent s’en prendre aux personnes, faire acte public de racisme, qui puissent faire des saluts nazis et le reste ? », s’est interrogé le fondateur de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon sur France Inter samedi 2 décembre. « Ces gens, on sait qui c’est », a-t-il insisté, « c’est la reconstitution de ligue dissoute ». Il a reproché au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin de n’avoir « rien fait » contre ces groupuscules d’ultradroite. « Le groupe Génération identitaire a été dissous et s’est reconstitué. Comment se fait-il que ces gens soient en mesure d’organiser une manifestation de cette nature, c’est ça le vrai problème », a-t-il ajouté, tout en refusant de critiquer la décision du tribunal administrative.

Le rassemblement s’est tenu sous haute surveillance policière. Le préfet de police de Paris Laurent Nuñez l’avait interdit face au risque de trouble à l’ordre public en raison « des propos tenus qui sont des propos d’incitation à la haine et à la violence ». Mais quelques minutes avant le début prévu de l’événement, le tribunal administratif a estimé que l’interdiction était une « atteinte grave à la liberté de manifester ».

Soulignant que ce rassemblement avait pour « objet de rendre hommage à Thomas », les juges des référés ont conclu que « l’interdiction prononcée port(ait), compte tenu de son caractère disproportionné, une atteinte grave et manifestement illégale à la liberté de manifestation ».

Le porte-parole des Natifs, Antoine, a expliqué à l’AFP que le but était « de rassembler les personnes qui ont été choquées » par la mort de Thomas « et dénoncer le laxisme juridique » qui ne permet pas de « dissuader les agresseurs de recommencer ». La place du Panthéon s’est vidée de ses occupants peu après 20 heures.

Par ailleurs, samedi 2 décembre, quelques dizaines de personnes ont bravé une interdiction de la préfecture et se sont rassemblées à Romans-sur-Isère en « solidarité avec la famille de Thomas », mais aussi avec les habitants du quartier de la Monnaie qui se disent ostracisés depuis le drame. « Unis contre ceux qui divisent » ou « Non à la récupération fasciste », proclamaient des pancartes brandies par une quarantaine de manifestants réunis dans le calme après 13h, sur une place du quartier populaire.

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