Rapport de RTE: gouvernement s'écharpe avec les écologistes sur le nucléaire

La ministre de la transition écologique Barbara Pompili photographiée en septembre 2020 à l'Assemblée nationale (illustration) (Photo: Charles Platiau via Reuters)
La ministre de la transition écologique Barbara Pompili photographiée en septembre 2020 à l'Assemblée nationale (illustration) (Photo: Charles Platiau via Reuters)

POLITIQUE - Des réactions épidermiques qui confirment que le nucléaire sera l’un des sujets majeurs de cette campagne présidentielle. Depuis la présentation du rapport RTE portant sur l’avenir électrique de la France lundi 25 octobre, écologistes et membres du gouvernement s’écharpent frontalement sur les conclusions de ces travaux au long cours, les Verts reprochant à l’exécutif d’en avoir une lecture parcellaire faisant la part belle au nucléaire, confortant ainsi les annonces pré-électorales du chef de l’État.

Dans le détail, le gestionnaire du réseau électrique français propose six scénarios qui permettraient d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Cela va d’une trajectoire énergétique axée sur la “sobriété” au développement de nouveaux réacteurs nucléaires pour concilier impératifs carbone et performance économique.

Et pour les écolos, le gouvernement a déjà tranché, et pas vraiment du côté de la sobriété, puisqu’il est admis qu’Emmanuel Macron souhaite annoncer la construction de nouveaux EPR. “La présentation des scénarios RTE se révèle être partielle et donc partiale. Nous, écologistes, dénonçons cette manipulation du gouvernement. Toute décision politique sur l’avenir du système électrique français requiert pourtant sérieux et transparence”, a taclé dans un tweet Yannick Jadot. Pour le candidat d’EELV à l’élection présidentielle, le gouvernement cherche, via ce rapport, à “justifier à n’importe quel prix la relance du nucléaire”. Des accusations auxquelles le gouvernement n’a pas tardé à répondre.

Pompili à Jadot: “On est à la limite du complotisme”

“Je trouve ça complètement honteux qu’il parle de manipulation, on est à la limite du complotisme”, a rétorqué ce mardi 26 octobre la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili sur France inter. “Quelqu’un qui se présente à l’élection présidentielle ne devrait pas se comporter comme ça”, a-t-elle poursuivi, mettant en avant l’indépendance des travaux menés. “Ce qu’il est en train de faire, parce que ce rapport remet en cause ses convictions, c’est de dénoncer le messager plutôt que de regarder le message, c’est très grave”, a insisté la ministre.

Même tonalité du côté du porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, qui a trouvé “insultante” la réaction de Yannick Jadot. “On ne peut pas, quand on n’est pas content, parce que ça ne correspond pas à son dogme, jeter le travail qui a été fait par des experts et des responsables”, a-t-il affirmé sur Europe 1, fustigeant les “idéologies” sur le nucléaire intervenant “dans un contexte de pré-présidentielle”. Des répliques, qui bien évidemment, passent moyennement chez les écolos, qui revendiquent un sérieux sur le sujet.

“Yannick Jadot ne remet pas en cause le travail de RTE mais ce qu’en fait le gouvernement”, grince Matthieu Orphelin sur Twitter. Le porte-parole du candidat écolo ajoute: “inadmissible de ne pas avoir l’analyse économique comparée des six scénarios RTE sur la variante sobriété. Tenter de nous discréditer en parlant de complotisme est grave”.

Dit autrement, ce n’est pas le sérieux reconnu de RTE qui est mis en cause, mais la présentation de ses travaux. Ce que reproche également Celia Gautier, responsable climat/énergie à la Fondation Nicolas Hulot. “De fait RTE a choisi (ou a été obligé de choisir) de ne pas présenter l’analyse économique des scénarios de sobriété, qui pourtant constituent de véritables alternatives, marginalisant ainsi la possibilité même d’un débat sur ce point au sein de la société”, regrette-elle sur Twitter.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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