Raphaël Glucksmann veut se faire entendre avant le discours sur l’Europe de Macron à la Sorbonne

La tête de liste PS / Place Publique va dérouler sa vision de l’Europe à Strasbourg mercredi, moins de 24 heures avant le discours du chef de l’État à la Sorbonne. Ce, alors que l’écart entre les deux listes aux européennes se réduit.

POLITIQUE - Ne pas laisser le champ libre au camp présidentiel. Raphaël Glucksmann, tête de liste du parti socialiste et de Place publique aux élections européennes, veut couper l’herbe sous le pied d’Emmanuel Macron, avec un « grand discours » sur l’Europe dès ce mercredi 24 avril au soir lors d’un meeting à Strasbourg, à la veille de celui du chef de l’État à la Sorbonne.

Discours d’Emmanuel Macron à la Sorbonne : ces eurodéputés ont une bonne excuse pour sécher

« Ce sera un moment important », prévient l’entourage de l’eurodéputé et leader de Place publique, qui va présenter « sa vision pour l’Union Européenne », son « plan Europe 2030 », qui sera articulé sur trois axes : « Défense, Écologie, Solidarités ».

L’essayiste de 44 ans, qui avait convaincu un peu plus de 6 % des électeurs aux européennes de 2019, est actuellement en dynamique, crédité de 12 à 14 % des intentions de vote, selon les instituts de sondage. Il espère toujours pouvoir renverser les courbes, et prendre la deuxième place, actuellement occupée par la candidate de la majorité présidentielle Valérie Hayer, qui stagne derrière Le RN Jordan Bardella.

Jouant sur l’idée d’un vote utile à gauche, Raphaël Glucksmann tente notamment de grignoter les électeurs déçus d’Emmanuel Macron et de l’insoumis Jean-Luc Mélenchon. Alors qu’Emmanuel Macron arrive à la rescousse de son camp avec un discours sur l’Europe jeudi à la Sorbonne, le candidat entend bien « reprendre le drapeau européen » des mains du chef de l’État, comme il le répète dans ses meetings. « Quand un défi est lancé, il est relevé », note l’eurodéputé socialiste Christophe Clergeau, selon qui Raphaël Glucksmann « va donner sa vision d’avenir du projet européen, en contrepoint du discours de Macron ».

La tête de liste, pro-européen convaincu, reconnaît avoir apprécié le premier discours du chef de l’État sur l’Europe, toujours à la Sorbonne, en septembre 2017. Mais il relève qu’aujourd’hui, « on peut trouver que le premier discours était bien, mais derrière il y a sept années de bilan ». « Refaire le même discours sept ans plus tard, c’est Shakespeare, c’est ’words, words, words’ ».(« des mots, des mots, des mots », dans Hamlet, ndlr), a-t-il souligné sur LCP. S’il salue « la mutualisation des dettes » lors de la crise Covid, qu’il met au crédit du chef de l’État, il l’accuse aussi d’avoir bloqué des avancées sociales au niveau européen.

Raphaël Glucksmann va « montrer le grand écart entre le discours de Macron et la réalité », abonde Christophe Clergeau, insistant sur les projets bloqués par la France, comme celui sur « la protection des travailleurs des plateformes » numériques. Et Raphaël Glucksmann entend bien souligner ses différences avec Valérie Hayer, qui mène « une liste de droite libérale », a-t-il martelé sur LCP. « Ce qui nous différencie, c’est notre rapport à la solidarité sociale, à la transition écologique ».

Pour lui, avec cette élection, « on est en train de faire renaître » en France le clivage gauche-droite, qui « n’a jamais disparu à l’échelle européenne », où le groupe majoritaire au parlement est la droite du PPE, devant le groupe socialiste (S&D). Le groupe du camp présidentiel, Renew, est en troisième position. « Ce que nous faisons, nous, c’est de ressusciter la gauche de Jacques Delors et de Robert Badinter », a-t-il défendu.

Lors du meeting de Strasbourg, où sont notamment attendus Nicolas Schmit, commissaire européen et candidat à la présidence de la Commission européenne pour le groupe socialiste, et Catherine Trautmann, ancienne maire PS de Strasbourg et ex-eurodéputée, Raphaël Glucksmann devrait parler institutions, budget, élargissement de l’UE, et évoquer la question de la défense européenne, un sujet qui tient à cœur à ce fervent partisan du soutien à l’Ukraine.

Parmi les autres propositions qu’il a déjà mises sur la table, une « révolution écologique européenne » qui passera par un « protectionnisme écologique européen » et « un’Buy European Act’ » dans le secteur de la transition écologique. Il défend aussi l’idée d’une taxation des plus riches et des superprofits. « Tout notre projet est fait pour parler aux victimes de la globalisation, ramener de l’emploi, parler de réindustrialisation », dit-il encore.

Avant lui, la tête de liste LFI Manon Aubry a elle aussi choisi la ville européenne mardi soir pour donner sa vision de l’UE et tacler le bilan européen du président de la République depuis son premier discours de la Sorbonne. « L’Europe de Macron, elle tient toutes les promesses anti-sociales qu’il a faites en 2017, a-t-elle fustigé et aucune des annonces progressistes qu’il avait faites ».

La prise de parole d’Emmanuel Macron a aussi poussé le Rassemblement national à avancer au jeudi 25 avril dans l’après-midi sa conférence de presse pour présenter son programme rapporte BFMTV. « On veut montrer que le discours du président est un événement de campagne et c’est un moyen de réinstaller le duel », glisse un cadre de la campagne à nos confrères. De son côté, l’Élysée dément tout acte de campagne. « C’est un moment institutionnel d’un chef d’État qui engage la parole d’un pays et pas forcément celle de sa sensibilité politique »,répond le Palais.

À voir également sur Le HuffPost : 

Élections européennes 2024 : sur les réseaux sociaux, une popularité (très) éloignée des sondages

Européennes 2024 : Fabrice Leggeri, recrue phare du RN, visé par une plainte pour complicité de crime contre l’humanité