Rakka, bastion de l'EI en Syrie, sur le point de tomber

Le groupe Etat islamique (EI) est sur le point d'être vaincu à Rakka et la libération de la ville, qui servait de capitale de fait aux djihadistes en Syrie, n'est désormais qu'une question d'heures, ont annoncé les milices kurdes YPG. /Photo prise le 12 octobre 2017/REUTERS/Erik De Castro

par Tom Perry

BEYROUTH (Reuters) - Le groupe Etat islamique (EI) est sur le point d'être vaincu à Rakka et la libération de la ville, qui servait de capitale de fait aux djihadistes en Syrie, n'est désormais qu'une question d'heures, ont annoncé les milices kurdes YPG.

Les derniers combattants de l'EI qui s'y trouvaient encore devraient en être partis dans la journée de samedi ou de dimanche, en vertu d'un accord noué avec les chefs tribaux, a expliqué à Reuters un responsable local à Aïn Issa.

La coalition sous commandement américain a toutefois souligné dans un communiqué que l'évacuation en convoi prévue samedi ne pouvait concerner que les civils et en aucun cas les "terroristes" de Daech.

Depuis l'offensive lancée en juin par les Forces démocratiques syriennes (FDS), dont les miliciens YPG forment la colonne vertébrale, près de 85% de Rakka ont été repris aux combattants de Daech.

Signe de leur défaite imminente, la coalition a annoncé qu'une centaine d'entre eux s'étaient rendus lors des dernières 24 heures et "avaient été évacués de la ville". Aucune précision n'a été fournie sur ces évacuations, ni sur la destination assignée aux combattants.

"Malgré tout, nous nous attendons à des combats difficiles dans les prochains jours et nous ne pouvons pas fournir une date pour savoir quand l'Etat islamique sera complètement vaincu à Rakka", a déclaré Ryan Dillon, porte-parole de la coalition, dans un courrier électronique adressé à Reuters.

Les Unités de protection du peuple (YPG) se sont montrées, elles, plus optimistes quant à la défaite de l'EI.

"Les combats se poursuivent dans la ville de Rakka. Daech est sur le point d'être vaincu. La ville devrait être libérée aujourd'hui ou demain", a déclaré Nouri Mahmoud, porte-parole des YPG, joint par téléphone.

Plusieurs dizaines d'autocars sont arrivés dans la nuit de vendredi à samedi à Rakka, apparemment en prévision d'une évacuation. Les véhicules venaient d'une région située au nord de Rakka, a indiqué l'organisation "Rakka est massacrée en silence" sur sa page Facebook.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), organisation qui documente le conflit grâce à des contacts sur le terrain, a confirmé que ces véhicules étaient destinés à l'évacuation des djihadistes et de leurs familles.

Environ 1.500 civils ont pu rejoindre les lignes tenues par les FDS au cours de la semaine écoulée, a dit le porte-parole de la coalition.

NOUVEAU REVERS MAJEUR

Omar Allouch, membre du conseil civil mis en place pour administrer Rakka, a déclaré vendredi soir que des opérations étaient en cours pour parvenir à la libération des civils et "pour expulser les éléments terroristes de la province de Rakka", sans fournir d'explications.

Les FDS, une alliance de milices kurdes et arabes, ont récemment entamé la dernière phase de l'offensive qu'elles mènent contre les djihadistes retranchés dans la ville.

Les FDS espéraient que l'offensive finale ne durerait que quelques semaines mais les djihadistes ont opposé une résistance acharnée pour retarder la chute d'une ville conquise en 2014.

En août, des combattants de l'EI avaient accepté d'être évacués d'une enclave située à la frontière entre la Syrie et le Liban. Il s'agissait d'une première pour l'EI depuis son offensive de 2014 qui lui avait permis de conquérir de nombreux territoires en Syrie et en Irak.

La chute de Rakka constituerait un nouveau revers majeur pour les djihadistes après la perte en juillet de Mossoul, l'autre capitale du califat autoproclamé de Daech, dans le nord de l'Irak.

La campagne contre l'Etat islamique va maintenant s'orienter vers la province de Daïr az Zour, un peu plus au sud-est, une zone rurale qui jouxte l'Irak.

Dans cette partie de la Syrie, les djihadistes doivent faire face à plusieurs offensives, l'une menée par les FDS, l'autre par les forces gouvernementales appuyées par des milices iraniennes et par l'aviation russe.

Ces forces ont annoncé samedi la reprise de la ville d'Al Mayadine, sur les bords de l'Euphrate.

(Avec Lisa Barrington à Beyrouth et John Davison à Aïn Issa, Syrie, Pierre Sérisier et Gilles Trequesser pour le service français)