Raid sur un hôpital de Gaza : colère et indignation unanimes, Israël accuse le Jihad islamique qui se défend

Raid sur un hôpital de Gaza : colère et indignation unanimes, Israël accuse le jihad islamiste (Photo de Palestiniens entourant des corps de Palestiniens tués lors de l’attaque sur un hôpital de Gaza le 17 octobre 2023)
DAWOOD NEMER / AFP Raid sur un hôpital de Gaza : colère et indignation unanimes, Israël accuse le jihad islamiste (Photo de Palestiniens entourant des corps de Palestiniens tués lors de l’attaque sur un hôpital de Gaza le 17 octobre 2023)

GAZA - Au moins 200 personnes ont été tuées ce mardi 17 octobre au soir dans l’enceinte d’un hôpital de la ville de Gaza, dans un tir imputé par Hamas à Israël qui dément, au onzième jour de la guerre déclenchée par l’attaque sans précédent du mouvement palestinien sur le sol israélien. Il survient à la veille d’une visite en Israël du président américain Joe Biden.

Le tir a suscité de nombreuses réactions condamnant Israël, notamment de la Jordanie, et de la Ligue Arabe, et des manifestants ont pris les rues en Cisjordanie occupée, à Amman et Tunis. Attendu mercredi en Israël, le président américain Joe Biden va « reporter » son étape ensuite prévue en Jordanie, a indiqué la Maison-Blanche, exprimant ses « profondes condoléances » aux victimes de l’hôpital. La Jordanie avait auparavant annoncé l’annulation d’un sommet auquel Joe Biden devait participer à Amman avec son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, et le président Abbas.

« Des centaines de victimes se trouvent encore dans les décombres » de l’hôpital Ahli Arab, dans le centre de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, qui a accusé Israël.

Israël accuse le Jihad islamique qui se défend

Mais Israël, de son côté, assure ne pas être à l’origine du tir et accuse le Jihad islamique - une organisation armée palestinienne distincte du Hamas. « D’après des informations des services de renseignements, basées sur plusieurs sources que nous avons obtenues, le Jihad islamique est responsable du tir de roquette raté qui a touché l’hôpital », a affirmé de son côté l’armée israélienne dans un communiqué.

« Que le monde entier le sache : les terroristes barbares à Gaza sont ceux qui ont attaqué l’hôpital à Gaza et pas l’armée israélienne », a martelé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Le Djihad islamique a répondu mercredi en parlant de « mensonges ». « Comme d’habitude, l’ennemi sioniste tente, par la fabrication de mensonges, de se soustraire à sa responsabilité dans le massacre brutal qu’il a commis en bombardant l’hôpital et pointant le doigt vers le Jihad islamique », a déclaré dans un communiqué le mouvement islamiste palestinien. « Nous affirmons que ces accusations sont fausses et sans fondement », a-t-il ajouté.

Le Hezbollah appelle à une « journée de colère », l’Iran dénonce l’attaque

Cette attaque meurtrière a provoqué un élan de colère et d’indignation dans le monde. Le Hezbollah libanais a appelé à observer une « journée de colère » mercredi pour condamner un tir meurtrier contre un hôpital de la bande de Gaza, un « massacre » dont il accuse Israël.

« Que demain, mercredi, soit un jour de colère contre l’ennemi », a appelé le Hezbollah, allié du Hamas palestinien, dans un communiqué, dénonçant un « massacre » et un « crime brutal ».

Le président iranien Ebrahim Raïssi a affirmé que « les flammes des bombes américano-israéliennes » allaient « bientôt dévorer » Israël.

« Les flammes des bombes américano-israéliennes, larguées ce soir sur les victimes palestiniennes blessées à l’hôpital al-Mu’amdani à Gaza, vont bientôt dévorer les sionistes », a réagi Raissi dans un message, selon l’agence IRNA.

Manifestation devant l’ambassade de France à Tunis et à Téhéran

Des milliers de manifestants se sont rassemblés mardi soir devant l’ambassade de France à Tunis pour protester contre ce tir meurtrier et ont réclamé le renvoi des ambassadeurs français et américain.

« Les Français et les Américains sont les alliés des sionistes », ont scandé les manifestants en colère devant le siège de l’ambassade de France au centre de Tunis, ont constaté des journalistes de l’AFP.  « Le renvoi de l’ambassadeur est un devoir », « pas d’ambassade américaine sur le territoire tunisien » ont-ils crié, entouré d’un dispositif policier.

Au début, des centaines de manifestants se sont rassemblées devant l’ambassade de France mais leur nombre a augmenté pour atteindre plus de 3 000 personnes. Les manifestants, dont des figures de l’opposition et des représentants de la société civile ainsi que des avocats, ont scandé aussi des slogans hostiles au président français Emmanuel Macron.

Des centaines de manifestants se sont rassemblés devant les ambassades de France et du Royaume-Uni à Téhéran dans la nuit de mardi à mercredi, selon un photographe de l’AFP sur place.

« Mort à la France et à l’Angleterre », ont crié des manifestants, en lançant des œufs sur les murs de l’enceinte de l’ambassade de France dans la capitale iranienne.

Indignation internationale

L’attaque meurtrière contre un hôpital dans la bande de Gaza mardi est « totalement inacceptable », a estimé le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme Volker Türk. Dans un communiqué, il a déclaré : « Les mots me manquent. Cette nuit, des centaines de personnes ont été tuées, de manière horrible, dans l’attaque de l’hôpital Al Ahli Arab, y compris des patients, des soignants et des familles qui s’étaient réfugiées dans et autour de l’hôpital. Une fois de plus les plus vulnérables (sont touchés). C’est totalement inacceptable ».

La France a de son côté condamné mardi « avec fermeté » la frappe. « Le droit international humanitaire s’impose à tous et doit permettre la protection des populations civiles. L’accès humanitaire à la bande de Gaza doit être ouvert sans délai », souligne le ministère dans un communiqué.

« Rien ne peut justifier une frappe contre un hôpital. Rien ne peut justifier de prendre des civils pour cibles », a écrit Emmanuel Macron sur Twitter, ajoutant « toute la lumière devra être faite » sur l’attaque contre l’hôpital Al-Ahli Arabi de Gaza.

Joe Biden s’est dit, dans un communiqué officiel, « indigné et profondément attristé par l’explosion » par « les terribles pertes qui en ont résulté ». Le président américain dit avoir demandé à ses conseillers de « continuer à rassembler des informations sur ce qui s’est exactement passé. »

Le président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat a accusé Israël de crime de guerre. « Aucun mot ne peut exprimer pleinement notre condamnation du bombardement par Israël d’un hôpital à Gaza, qui a tué des centaines de personnes », a déclaré M. Faki sur X, anciennement Twitter, appelant la communauté internationale à agir.

Le président du Conseil européen Charles Michel a estimé qu’une attaque contre une infrastructure civile n’était pas conforme au « droit international ». De son côté, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a déploré qu’« une nouvelle fois, des civils innocents payent le prix le plus élevé ».

La Russie et les Émirats arabes unis ont, eux, appelé à une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations unies mercredi. « La Russie et les Émirats arabes unis ont demandé la tenue d’une réunion publique urgente du Conseil de sécurité des Nations unies dans la matinée du 18 octobre en raison de la frappe sur un hôpital de Gaza », a déclaré sur Telegram l’ambassadeur adjoint russe à l’ONU, Dmitri Polianskiï.

Le ministère qatari des Affaires étrangères a condamné le tir meurtrier, dénonçant un « massacre (...), un crime haineux contre des civils sans défense, et une violation grave (...) du droit international ».

Le ministère jordanien des Affaires étrangères a lui aussi condamné le tir, faisant porter à Israël, « la force occupante, la responsabilité de ce grave évènement ».

« L’OMS condamne fermement l’attaque sur l’hôpital Al Ahli Arab », a posté sur le réseau X (anciennement Twitter) Tedros Adhanom Ghebreyesus, chef de l’Organisation mondiale de la santé.

Ahmed Aboul Gheit, le chef de la Ligue arabe basée au Caire, a appelé « l’Occident à faire cesser immédiatement la tragédie ». Cette attaque est le fruit d’un « esprit diabolique », a-t-il encore dénoncé dans un message posté sur X (anciennement Twitter). « Nos mécanismes arabes recensent les crimes de guerre, et leurs auteurs ne pourront pas échapper à la justice », a-t-il prévenu.

Manifestations en Turquie et en Jordanie devant les ambassades et consulats israéliens

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé mardi à « l’arrêt de cette violence sans précédent à Gaza ». Israël a « frappé un hôpital abritant des femmes, des enfants et des civils innocents », a déclaré Erdogan sur le réseau social X, anciennement Twitter. « J’invite toute l’humanité à agir pour mettre fin à cette brutalité sans précédent à Gaza », a-t-il encore dit.

Dans la soirée, une foule importante s’est rassemblée devant le consulat israélien à Istanbul, le poing levé, aux cris d’« Allah akbar ! » « Dieu est grand ! » , a rapporté l’agence officielle de presse Anadolu.

Une manifestation similaire réunissait simultanément quelque 500 personnes devant l’ambassade de l’État hébreu à Ankara, selon l’agence de presse Anka.

Des dizaines de manifestants ont tenté mardi soir de pénétrer dans l’enceinte de l’ambassade d’Israël à Amman en Jordani, pour exprimer leur colère après une frappe ayant tué deux cents personnes dans un hôpital de la ville palestinienne de Gaza, a rapporté un journaliste de l’AFP. Les manifestants ont contourné la barrière des forces de sécurité et avancé vers l’enceinte de l’ambassade. Les forces de sécurité ont tiré des gaz lacrymogènes pour les disperser.

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