Rages d’âge tendre

Justine Bo signe une autobiographie à l’écriture acérée, Salim Bachi suit son «Jeune homme en colère» dans le Paris de l’après-Bataclan

Comment continuer à vivre quand la colère vous ronge, quand la vie perd son sens, quand vos congénères vous effraient ou vous horrifient, quand l’avenir vous apparaît plus noir encore que le présent ? Deux auteurs de cette rentrée littéraire mettent en scène la révolte, voire la violence des sentiments face à une société individualiste à l’extrême qui aurait perdu sa boussole. Justine Bo écrit à la première personne du singulier mais ce n’est pas un effet de style. C’est bel et bien son autobiographie qu’elle vient de publier, à moins de 30 ans, jetant sa vie sur le papier comme on recrache un os qui, coincé dans la gorge, menacerait de vous étouffer. «J’ai longtemps haï la glaise de ma naissance. Il m’a toujours semblé que mon inertie incurable provenait de ce sol sablonneux où, privée de toute emprise, je tentais de m’agripper coûte que coûte à la poussière. Je n’ai pas trente ans que déjà je suis en pièces», écrit-elle en préambule de Si nous ne brûlons pas, un roman d’une noirceur rare dont on sort laminé.

«Sortie de secours». Salim Bachi, lui, a inventé un narrateur de 18 ans, Tristan, qui ne trouve le soulagement de vivre ou de survivre qu’en marchant inlassablement dans les rues de Paris en crachant, lui aussi, sur les pauvres et les riches, les touristes et les Parisiens, les bobos et les prolos, les filles et les garçons, les lents et les pressés, les artistes et les commerçants… tout ce qui peuple le monde d’aujourd’hui qu’il vomit autant qu’il l’envie. «Je traverse Paris de part en part à la recherche d’une sortie de secours que je ne trouve pas. Elle est dans ma tête, cette issue que je cherche comme un rat dans son labyrinthe», écrit-il dans le bien nommé Un jeune homme en colère.

Pour mieux raconter sa courte et néanmoins interminable existence, Justine Bo a choisi le biais de la géographie. «Je me méfie du récit des (...)

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