Radiations, catégories... Ce que cachent les bons chiffres du chômage vantés par le gouvernement

Photo d'illustration (Photo Philippe LOPEZ / AFP)
Photo d'illustration (Photo Philippe LOPEZ / AFP)

Derrière le recul du taux de chômage présenté par l'exécutif se cache une réalité plus complexe.

"Une baisse de 1,2% au premier trimestre, de 5,9% en un an. Le chômage continue de baisser", vante Emmanuel Macron ce jeudi, pour mettre en avant son objectif de plein emploi. Des chiffres qui font débat, plusieurs opposants dénonçant une baisse en trompe-l'œil.

Les chiffres évoqués par Emmanuel Macron se réfèrent à la catégorie A des demandeurs d'emploi, celle des personnes sans aucune activité dans le mois. Pour autant, cette baisse occulte la situation des demandeurs d'emploi des autres catégories.

Une amélioration "due à une progression de l’emploi précaire et au durcissement des sanctions"

La catégorie B, qui représente les personnes ayant travaillé moins de 78 heures durant le mois augmente de 0,3% sur le trimestre (+6,2% sur un an) et la catégorie C, qui comprend les personnes ayant travaillé plus de 78 heures durant le mois progresse de 0,9%. Si l'on prend en compte ces trois catégories de demandeurs d'emploi, le recul du chômage n'est plus que de 0,3%.

Des chiffres qui font dire à la CGT que "l’amélioration est essentiellement due à une progression de l’emploi précaire et au durcissement des sanctions contre les travailleuses et travailleurs privés.es d’emploi".

Le médiateur alerte sur "un durcissement des sanctions"

Au-delà des simples catégories, ce recul du taux de chômage en France s'explique aussi par les conséquences de différentes mesures prises par l'exécutif, et notamment un durcissement des sanctions de Pôle Emploi envers les chômeurs. "Les sanctions deviennent de plus en plus sévères, avec un usage fréquent des radiations de six mois", écrivait le médiateur de Pôle Emploi dans son dernier rapport, rendu le 29 mars dernier.

En 2022, Pôle Emploi a déployé sa nouvelle stratégie de surveillance de la recherche d’emploi avec 500 000 contrôles menés, contre 420 000 en 2019. Les radiations ont augmenté de 2,3% sur un an, selon les chiffres du quatrième trimestre 2022, publiés par le ministère du Travail. Sur le dernier trimestre, les radiations ont augmenté de 0,2%.

Vers une hausse du chômage en 2023 ?

Selon des chiffres auxquels Mediapart a eu accès, 68% des radiations de 2022 ont été prononcées en raison d’une "absence à une convocation". Manquer un seul rendez-vous conduit à une privation d’un mois d’allocation. Quant aux sanctions pour "insuffisance de recherche d’emploi", elles représentent désormais 10% du total des radiations, contre 5% les années précédentes, rapporte le journal d'investigation.

"L’année 2023 devrait être l’année du retournement du marché du travail", alertait l’OFCE dans ses prévisions publiées le 13 avril. L’Observatoire français des conjonctures économiques anticipe un rebond du chômage à 7,9 % fin 2024, contre 7,2 % aujourd’hui. une nouvelle loi Travail, baptisée "loi plein-emploi", devrait être présentée avant l’été pour atteindre l'objectif du plein-emploi, soit un taux de chômage inférieur à 5%, voulu par le gouvernement.

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