Racisme dans le rugby: "Trop c'est trop", le coup de gueule des Louves de Bobigny

"Cette fois-ci est celle de trop." Ces mots sont ceux de la direction de l'AC Bobigny 93 Rugby, le club de Seine-Saint-Denis dont l'équipe fanion est celle des femmes de l'Elite 1. Les Louves disputaient leur dernier match de poule de Coupe de France, ce dimanche 31 mars, chez les Béarnaises de Lons Section Paloise. Les Franciliennes l'ont emporté (20-18) mais terminent avant-dernières de la phase qualificative et n'iront pas en demi-finales.

Mais ce qui met en colère les dirigeants de Bobigny, c'est l'atmosphère plus que tendue de la rencontre. "Le match des Louves a été entaché de propos irrespectueux et à caractère raciste entendus sur et en dehors du terrain", raconte le club dans un communiqué publié lundi soir. L'une des joueuses, Awa Diakité, précise et dénonce des "propos inacceptables de la part du public" et assure avoir été traitée de "sale connasse" ou avoir entendu des "rentrez chez vous". Pire, même les joueuses locales s'y seraient mises avec des "j'ai l'Africaine", "sale noire" ou encore "calme-toi, on n'est pas à la cité".

"Ces propos ne sont pas des cas isolés", selon l'AC Bobigny

Awa Diakité déplore un racisme encore bien présent en tribunes et sur les terrains de rugby. "Chaque acte raciste nous rappelle que nous avons encore un long chemin à parcourir pour atteindre une société véritablement juste et équitable", explique encore la joueuse. "Je suis triste de jouer dans ces conditions, mais à la fois heureuse de partager des valeurs avec ce groupe de copines."

Un message partagé sur les réseaux sociaux par la deuxième ligne tricolore Madoussou Fall qui a joué cinq saisons à Bobigny et qui est actuellement engagée dans le Tournoi des VI Nations féminin (23 mars au 27 avril).

L'AC Bobigny le rappelle, "ces propos stigmatisants à l'égard de nos joueuses ne sont pas des cas isolés, nos équipes y étant malheureusement et régulièrement confrontées."

Le club francilien précise aussi que les incidents du week-end "ne caractérisent en aucune manière le club de Lons (...) qui œuvre pour davantage de diversité dans le rugby, mais ils sont le fait d'une poignée d'individus qui ne représentent en rien les valeurs de notre sport ni celles de leur club."

La FFR et le syndicat des joueurs au soutien des Louves

Alors que Bobigny et Lons échangent "pour faire la lumière sur ces fâcheux événements et envisager les mesures adéquates", la Fédération française de rugby vient au soutien des Louves.

"Le rugby est un sport qui unit les individus, indépendamment de leur origine, de leur race, de leur religion ou de leur orientation sexuelle. C’est dans cet esprit que la FFR condamne fermement les actes de racisme constatés lors de certaines rencontres et apporte son soutien aux joueuses et dirigeants concernés", souligne l'instance via un communiqué ferme. "En cette période où la société fait face à des défis croissants liés à la discrimination et à l’intolérance, nous croyons fermement que le rugby a le pouvoir de rassembler les individus et de promouvoir des valeurs de respect mutuel, d’inclusion et de solidarité."

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Le syndicat des joueurs Provale affiche également son soutien aux Louves. Enfin, du côté de la FFR, on fait aussi un point sur le règlement pour rappeler le comportement à adopter dans une telle situation.

"Tout officiel de match témoin de faits discriminatoires ou incitant à la discrimination, à la haine ou à la violence à l'égard d'une personne ou d'un groupe de personnes, en informera sans délai l'arbitre s'il ne l'a pas lui-même constaté", a précise l'instance à la tête du rugby tricolore. "Celui-ci devra interrompre la rencontre et exiger du président de l'association organisatrice du match de prendre toutes dispositions pour mettre un terme au(x) trouble(s) relevé(s). La partie ne reprendra qu'après cessation des faits. A défaut l'arbitre pourra décider de l'arrêt définitif de la rencontre."

Article original publié sur RMC Sport