Rachida Dati défend une fusion de France Télévisions et Radio France... en convoquant l’ORTF

POLITIQUE - Rachida Dati serait-elle nostalgique ? La ministre de la Culture a présenté sa réforme de l’audiovisuel public français lors du compte rendu du conseil des ministres du 31 mai. Elle a défendu la fusion de France Télévisions, Radio France, France 24, RFI et l’INA sous une seule bannière, France Médias, et est revenue sur les critiques disant qu’il s’agit d’un retour à l’ORTF, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article.

Réforme de l’audiovisuel public : ce qui peut changer avec la fusion de Radio France et France Télévisions

L’ORTF, on le rappelle, était l’entreprise publique qui gérait la diffusion de la radio et de la télévision en France, entre 1964 et 1975. « On me dit “Retour à l’ORTF.” Mais l’ORTF, pardon, je vais peut-être vous choquer, mais ça permettait quoi ? » a-t-elle interrogé. « Quand vous avez un parent ouvrier qui a regardé ’Les Dossiers de l’écran’ et que le lendemain, il pouvait parler dans son usine avec son chef du ’Dossier de l’écran’ parce qu’il l’avait regardé, vous ne croyez pas que c’est très fort d’avoir une culture commune ? », a argué la ministre.

Rachida Dati a ensuite vanté cette période qui permettait de réunir toute la famille devant la télévision, contrairement à notre époque où « chacun est dans une pièce ». « Donc aujourd’hui, moi, mon ambition selon l’audiovisuel public, c’est qu’il redevienne ce patrimoine culturel commun, » a-t-elle poursuivi. « Que tout le monde regarde la télévision ? » lui a demandé la journaliste qui l’interrogeait. « J’espère que le plus grand nombre regarde la télévision, » a répondu la ministre.

Un raisonnement « a minima curieux »

Un objectif qui semble désuet, tant la société française a depuis évolué. C’est ce que pointe Jean-Michel Apathie, journaliste et éditorialiste chez Quotidien, dans un long message sur X publié ce samedi. « Ce temps d’ « avant » est spontanément présenté comme béni. Vieille attitude qui consiste à dénigrer les temps présents en regard des temps passés. Présentée ainsi, la comparaison néglige l’ennui de la télévision d’hier, son conformisme, l’incapacité qui était la sienne, notamment parce qu’elle était bridée par le pouvoir politique, de montrer la société dans sa diversité et d’évoquer les évolutions culturelles tenues pour minoritaires ou marginales. La télévision a évolué parce qu’elle s’est démocratisée. Cette dimension paraît totalement absente du raisonnement de la ministre. On dira, a minima, que cela est curieux. »

La réforme voulue par le gouvernement fait face à de nombreuses critiques et n’est pas bien accueillie par les journalistes des différentes entités, qui s’étaient mis en grève fin mai. Jean-Noël Jeanneney avait notamment publié une tribune le 13 avril dans Le Monde pour critiquer les plans de Rachida Dati pour l’audiovisuel public. « Certes, encourager ces sociétés séparées à coordonner des efforts au service de projets originaux et neufs ne peut qu’apparaître bienvenu. (...) Mais en l’occurrence, il s’agit de tout autre chose : d’une fusion organique qui nous ramènerait au temps antédiluvien du gargantuesque ORTF (Office de radiodiffusion-télévision française, en place de 1964 à 1975, ndlr), à l’époque où les gouvernements tenaient de près programmes et information », écrivait l’ancien président de Radio France de 1982 à 1986.

Rachida Dati avait réagi sur X, l’accusant de « tout mélanger » : « L’ORTF gérait un monopole d’État. Aujourd’hui, nous sommes face à une dérégulation mondiale totale et une hyperconcurrence » plaidait-elle, en rappelant qu’à cette époque, il n’y avait pas les 27 chaînes de la TNT, sans compter « les 500 chaînes sur les plateformes et les réseaux sociaux ».

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