Rachat de « Marianne » : son fondateur Jean-François Kahn s’élève contre l’offre de Pierre-Edouard Stérin

Pierre-Edouard Stérin finance plusieurs médias proches de l’extrême droite, comme « Le Crayon ». Le cofondateur de l’hebdomadaire s’inquiète dans « Le Monde ».

Pour Jean-François Kahn, c’est un non catégorique. Le cofondateur de l’hebdomadaire Marianne a partagé son indignation dans Le Monde ce jeudi 6 juin, alors que son magazine est sur le point d’être racheté par l’homme d’affaires Pierre-Edouard Stérin.

L’hebdomadaire « Marianne » est bien à vendre, Daniel Kretinsky cherche un repreneur

« Je ne peux cautionner le fait qu’il y ait un acheteur qui, dans tous les domaines, soit l’exact inverse de ce pour quoi nous avons créé le journal », s’insurge celui qui a été le directeur de Marianne de sa création en 1997 jusqu’en 2007. L’octogénaire insiste : « Marianne ne peut devenir la propriété d’un personnage ultralibéral en matière économique, qui n’est pas laïc, et qui n’est pas patriote, car toujours exilé fiscal en Belgique. »

Et même si les désaccords existent déjà avec Natacha Polony, directrice de la rédaction, notamment « sur le souverainisme et le protectionnisme », Jean-François Kahn estime que « ce journal n’avait pas rompu avec ses fondamentaux jusqu’ici ».

Le président de CMI France Denis Olivennes, qui détient l’hebdo, avait confirmé fin avril que son propriétaire Daniel Kretinsky souhaitait céder la main. Une source proche du dossier avait indiqué à l’AFP que la ligne « souverainiste radicale » défendue par Natacha Polony ne convenait pas au milliardaire tchèque, proeuropéen.

Très vite, le nom du groupe Otium de Pierre-Edouard Stérin est apparu dans la course au rachat. Libéral et catholique revendiqué, l’homme d’affaires a bâti son succès sur la société de coffrets cadeaux Smartbox, puis a investi dans le site de réservation de restaurants La Fourchette. Il a fondé Otium Capital en 2009.

Kahn prêt à « aller en justice »

CMI France et Otium Capital sont actuellement en négociations exclusives pour Marianne. Or, comme le rappelle Le Monde, Pierre-Edouard Stérin a financé plusieurs médias classés à droite voire à l’extrême droite : Le Crayon, à qui Emmanuel Macron a donné une interview mardi 4 juin, le site Factuel ou encore le mensuel L’Incorrect.

« Financer un journal vichysto-maurrassien montre bien qu’il a des convictions très ancrées (...). Je refuse que mon nom, encore lié à Marianne, soit associé à M. Stérin alors que je suis très inquiet par la montée de l’extrême droite », renchérit Jean-François Kahn, qui se dit « prêt à aller en justice » pour protester contre ce rachat.

Comme Jean-François Kahn, Maurice Szafran, également cofondateur de Marianne, avait mis en garde contre la vente du magazine au magnat. S’adressant à Denis Olivennes fin avril, rapporte Le Monde, il aurait déclaré : « Si Kretinsky vend Marianne à un type comme Stérin, il va prendre des seaux de boue. » Et aurait ajouté refuser de voir « tombe(r) dans les mains de quelqu’un d’extrême droite ».

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