Révocation du droit à l'avortement : Jennifer Lawrence révèle avoir voulu recourir à l'IVG

Révocation du droit à l'avortement : Jennifer Lawrence révèle avoir voulu recourir à l'IVG

L'actrice oscarisée expose ses convictions progressistes, du droit à l'avortement à la lutte contre les armes à feu, dans une interview pour "Vogue".

C'est une interview très politique que Jennifer Lawrence livre au Vogue américain. L'actrice de 32 ans, qui fait la couverture du numéro d'octobre, s'y engage notamment en faveur du droit à l'avortement, entravé aux États-Unis. Elle révèle avoir elle-même failli y recourir il y a quelques années, avant que sa grossesse non désirée ne s'interrompe naturellement par une fausse couche.

L'entretien a eu lieu en juin dernier, quelques jours après la révocation par la Cour suprême américaine de l'arrêt Roe v. Wade, en vigueur depuis 1973, qui garantissait le droit à l'avortement dans le pays. Chaque État est désormais libre de l'interdire.

"Et si j'étais forcée à être enceinte ?"

C'est au début de la vingtaine, quand sa carrière à Hollywood commençait à décoller, que Jennifer Lawrence est tombée enceinte. "Elle prévoyait à 100% d'avoir recours à un avortement", écrit la journaliste de Vogue Abby Aguirre.

"J'ai fait une fausse couche seule à Montréal", explique la star de Red Sparrow.

Elle révèle avoir été victime d'une seconde fausse couche sur le tournage de Don't Look Up. Cette fois-là, elle était mariée au directeur de galerie d'art Cooke Maroney et souhaitait fonder une famille. Le couple a fini par avoir un fils, Cy, en février dernier.

"J'y ai repensé un million de fois pendant ma grossesse (...) J'ai eu une super grossesse, j'ai eu beaucoup de chance. Mais chaque seconde de ma vie était différente, et je me demandais parfois : 'et si j'étais forcée à faire ça ?'.

Avec le franc-parler et l'humour qui ont fait d'elle la coqueluche des médias américains, elle fait part de sa rage lorsqu'elle a vu les premières restrictions tomber dans certains États : "(L'avortement) est une décision trop personnelle dans la vie d'une femme pour regarder des hommmes blancs débattre au sujet des utérus alors qu'ils sont incapables, du fond de leur coeur, de trouver un clitoris."

Anti-armes à feu, pro-égalité

Et de poursuivre au sujet de la régulation des armes à feu, remise au centre du débat public ces dernières années après une succession de fusillades : "J'élève un petit garçon qui ira un jour à l'école. Les armes à feu sont la première cause de mortalité chez les enfants aux États-Unis. Et des gens continuent à voter pour des politiciens qui reçoivent de l'argent de la NRA (lobby américain pro-armes à feu, NDLR) ? Ça me rend folle."

De même que la différence de salaire persistante entre les hommes et les femmes, à Hollywood comme ailleurs : "Peu importe combien je gagne, je gagnerai malgré tout moins qu'un mec, à cause de mon vagin ?"

Fracture familiale

Élevée par une famille républicaine, dans l'État très conservateur du Kentucky, elle explique avoir revu sa copie ces dernières années. Aujourd'hui, elle se désespère de voir que les Américains ont boudé Hillary Clinton dans les urnes au profit de Donald Trump, qu'elle qualifie de "dangereux, dangereux pot de mayonnaise". Ce revirement politique lui a coûté sa bonne entente avec certains proches, notamment son père.

"J'ai travaillé si dur ces cinq dernières années pour pardonner à mon père et à ma famille, et pour essayer de les comprendre : c'est différent. L'information qu'ils reçoivent est différente, leur vie est différente. J'ai essayé de tourner la page, mais je ne peux pas. Je ne peux plus m'entendre avec des gens qui ne sont pas politisés. Vous vivez dans les États-Unis d'Amérique. Vous vous devez d'être politisé. La politique est en train de tuer des gens."

"Je ne veux pas dénigrer ma famille, mais je sais que beaucoup de gens sont dans une situation similaire à la leur", ajoute-t-elle. "Comment peut-on élever une fille dès sa naissance et ne pas estimer qu'elle mérite l'égalité ? Comment ?".

Elle continue, néanmoins, à essayer de leur parler politique : "J'aborde le sujet dans le sens où je me défoule par textos. Je balance : boum, boum, boum, boum, boum. Ils ne répondent pas. Alors je me sens mal et je finis par leur envoyer une photo du bébé."

Article original publié sur BFMTV.com

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