Résultats législatives 2024 : les trois enseignements du premier tour

Score du Rassemblement national, record de triangulaires et consignes de vote… Le HuffPost fait le point avant le second tour du 7 juillet.

POLITIQUE - L’heure des choix. Les résultats du premier tour des élections législatives de ce dimanche 30 juin donnent le Rassemblement national de Jordan Bardella très largement en tête, devant l’alliance du Nouveau Front populaire et la coalition présidentielle Ensemble. Ce qui dessine un schéma inédit dans l’histoire de la Ve République.

Législatives 2024 : les résultats dans votre ville et votre circonscription

Selon les estimations de fin de soirée des instituts Ipsos et Ifop, le Rassemblement national arrive en tête avec entre 33,2 et 33,5 % des suffrages. Il devance le nouveau Front populaire qui obtient entre 28,1 et 28,5 %, loin devant le camp d’Emmanuel Macron qui oscille entre 21 et 22,1 %. Très loin derrière, le parti des candidats les Républicains qui ont refusé l’alliance avec le RN s’établissent autour de 10 %.

Ce sont donc trois grands blocs qui vont s’affronter en vue du second tour le 7 juillet. Au lendemain de la soirée électorale, voici les trois enseignements à retenir de ce premier tour.

Pour la première fois, le parti d’extrême droite va dépasser les 10 millions de voix dès le premier tour d’une élection législative. Avec près de 34 % des suffrages exprimés, il est en passe de recueillir une majorité a minima relative, sinon absolue, à l’Assemblée nationale. Les projections leur donnent à ce stade environ 255 sièges sur les 577 du Palais Bourbon.

Si ce scénario d’une majorité absolue se confirme, il s’agira d’un véritable séisme politique. La France entrerait dans sa quatrième cohabitation depuis le début de la Ve République. Avec, pour la première fois, un Premier ministre d’extrême droite, en la personne de Jordan Bardella.

Ce dimanche 30 juin, le président du parti a appelé ses électeurs à se mobiliser pour lui permettre d’entrer à Matignon. Mais rien n’est fait. Car dans le scrutin à venir, les triangulaires seront décisives.

Résultats législatives 2024 : les triangulaires, cette donne cruciale face à l’arrivée du RN au pouvoir

En s’appuyant sur les chiffres communiqués à 17h par le ministère de l’Intérieur, la participation globale pour ce scrutin devrait dépasser les 60 %, bien au-delà des 47,5 % de juin 2022. Mécaniquement, cela entraîne un nombre important de triangulaires. Alors que le record était de 79 en 1997 on parle désormais d’environ 285 à 315 matchs à trois pour ce second tour.

La configuration la plus fréquente voit s’opposer les candidats du Rassemblement national, les candidats socialistes, écologistes, communistes et insoumis du Nouveau Front populaire et les candidats Renaissance, Horizons et MoDem de la coalition Ensemble. Dans ce contexte, et alors que l’extrême droite n’a jamais été aussi proche des plus hautes sphères du pouvoir, la ligne de conduite donnée par chaque parti est scrutée car cruciale.

Au sein de l’alliance de gauche, la consigne est claire : « Conformément à nos principes et à nos positions constantes dans toutes les élections précédentes, nulle part nous ne permettrons au RN de l’emporter, et c’est pourquoi, dans l’hypothèse où il serait arrivé en tête, tandis que nous ne serions qu’en troisième position, nous retirerons notre candidature », a déclaré Jean-Luc Mélenchon après l’annonce des résultats. Sur la même ligne que les autres chefs de partis du NFP, Olivier Faure, Fabien Roussel et Marine Tondelier.

Dans le camp présidentiel, c’est un plus nuancé et surtout et un peu moins clair selon les partis. Renaissance semble avoir tranché. « Pas une voix ne doit aller au Rassemblement national » au second tour, a déclaré le Premier ministre depuis Matignon. Gabriel Attal a appelé au « désistement de nos candidats dont le maintien en troisième position aurait fait élire un député Rassemblement national face à un autre candidat qui défend comme nous les valeurs de la République », sans en préciser le nombre.

Le Premier ministre justifie sa décision par deux arguments : la lutte contre l’extrême droite mais aussi l’impossibilité de voir Jean-Luc Mélenchon prétendre au poste de Premier ministre, au vu des résultats du premier tour. Il n’a pas explicitement appelé à voter pour un candidat du nouveau Front Populaire. Mais en retirant le bulletin Renaissance, cela ne laisse aux électeurs que deux choix : le candidat de gauche ou le candidat du Rassemblement national, parti qu’il a donc appelé à combattre.

Édouard Philippe, président d’Horizons a fait un autre choix. Lui aussi appeler ses candidats arrivés 3e à se désister, mais pas dans tous les cas de figure. Le maire du Havre a estimé qu’« aucune voix » ne devait « se porter sur les candidats du Rassemblement national, ni sur ceux de la France insoumise ». Une façon d’opérer un tri entre les candidats de gauche. Reste enfin la troisième composante d’Ensemble, le Modem de François Bayrou. Lequel a semblé plaider pour un choix au cas par cas.

Le dépôt des candidatures pour le second tour s’achève mardi 2 juillet à 18h. Ce qui laisse donc très peu de temps aux partis et aux candidats pour se décider, avant un second tour plus incertain que jamais.

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